De Castro Marim à Faïfo: Naissance et développement du padroado portugais d'Orient des origines à 1659

R. Jacques
Histoire - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Diplômé in utroque iure et en civilisations orientales, le Lorrain R. Jacques a fait un stage à Hanoï et étudié les missions chrétiennes portugaises en Extrême-Orient. Dans ce livre, il s'intéresse aux origines de l'Église catholique du Viet-Nam avec ses admirables institutions de catéchistes, ses vicaires apostoliques et un début de clergé indigène. Selon lui, l'essentiel s'est joué entre 1615 et 1659 avec la prise en charge totale de la Mission par les jésuites jusqu'à la nomination de vicaires apostoliques par la Congrégation de la Propagande de la foi en 1659. L'A. s'est basé sur une abondante documentation, largement inédite, de la province jésuite du Japon dont dépendaient les jésuites du Viet-Nam. Dans la présente étude du padroado portugais d'Orient, il part des textes en les replaçant dans leur contexte historique, social et géographique. Le padroado ou droit de protectorat est le droit d'un «patron» laïc à présenter à l'Église des candidats pour un bénéfice ou une charge ecclésiastique, droit qui s'est progressivement étendu aux évêchés. D'abord limité aux territoires reconquis sur les musulmans en Espagne et au Portugal, ce droit engloba aussi des territoires païens conquis et s'étendit, entre 1420 et 1551, à tout l'Orient. Par ce droit, le Pape reconnaissait la souveraineté portugaise et espagnole sur les territoires conquis, avec l'obligation d'envoyer des missionnaires pour évangéliser et planter l'Église. Mais il existe une nette différence entre le padroado portugais et l'espagnol.
En Orient, les Portugais se contentaient souvent de créer des comptoirs commerciaux et ils eurent une préférence marquée pour les missionnaires jésuites à partir de 1540. En 1522, le Pape avait accordé aux franciscains d'organiser des Églises de Mission même sans évêques. Très vite, tous les autres religieux s'attribuèrent le même droit partout. Au Viet-Nam, même sans posséder de territoires, les Portugais ont exercé leur padroado à travers les jésuites jusqu'à la nomination de Vicaires apostoliques en 1659. Ce sont les 40 ans allant de 1615 à 1659 que l'A. étudie spécialement, pour approfondir les notions juridiques du système; mais il part des débuts du padroado en Orient à partir de 1455, examine les problèmes de territorialité, les conflits avec les Espagnols, le fonctionnement de la Mission, les problèmes de compétence avec les évêques et pourquoi les jésuites ont si bien soutenu le padroado portugais.
L'A. admet le caractère provisoire de ses conclusions en attendant l'exploitation d'autres documents sur le sujet. Le padroado portugais fut plus souple et plus dynamique que l'espagnol. Les religieux n'étaient pas liés à un territoire et à un évêque, mais ce fait mécontentait Rome attachée à la territorialité. L'arrivée de vicaires apostoliques au Viet-Nam en 1659 a ouvert le procès historique du padroado portugais, procès qui est loin d'être terminé. Le conflit oblige à mieux étudier le point de vue canonique du problème et les enjeux ecclésiaux. Trois séries de documents complètent cet exposé clair, bien construit, mené sans passion, avec le seul souci de la vérité. - B. Clarot, S.J.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80