Familles monoparentales, recomposées, concubinaires,
homoparentales… La grande saga de la famille contemporaine est
interrogée, dans ces pages de sagesse humaine, d'après l'alliance
la plus fondatrice, celle de la chair et de la parole, jusqu'au
seuil des enjeux religieux qui s'y révèlent aussi. Tous les modèles
familiaux ne se valent pas, dans l'éthique commune sur laquelle on
peut fonder quatre piliers qui sauvegarderont l'avenir de la
famille: le mariage (fait universel), la différence des sexes (en
raison de l'enfant), l'accueil de la vie comme don (l'intangible
gratuité), l'appartenance à un plus grand corps (que le triangle
père-mère-enfant). Dans ce modèle non conservateur se croisent le
désir d'épanouissement personnel et le sens des responsabilités les
plus radicales, le lien horizontal entre époux et le lien vertical
entre les générations. Ceci clairement posé, le mariage sera
entendu, dans le chapitre II, comme ouverture au tiers, visible et
invisible («les concubins sont des héritiers [du mariage] qui
s'ignorent ou qui veulent ignorer», 85). Un troisième chapitre,
joliment intitulé «Pourquoi vieillir ensemble?» s'intéresse
fortement aux quatre raisons de durer (95) et aux ressources
disponibles - ici revient l'insistance transversale qui recommande
aux couples de reprendre souffle dans un cadre communautaire
élargi. Le dernier chapitre, plus nettement spirituel, médite sur
le roc de la différence des sexes et des générations où s'inscrit
la transcendance. «Comment a-t-on pu en arriver» à désigner le sexe
lui-même comme une construction culturelle, c'est-à-dire à perdre à
ce point le contact avec le réel du donné corporel? Les débats
actuels sur l'ouverture du mariage ou de l'adoption par des «duos
homosexuels» révèlent la triple incertitude contemporaine sur le
mariage, la parenté, la teneur de la différence sexuelle. Très
justement, l'auteur distingue la prise en compte de situations
particulières de leur institution par la loi. Quand on articule
chair et parole, nature et culture, la famille ne peut être que
conjugale et de surcroît, hétérosexuée, peut-il affirmer pour
finir. Fortement argumentées et fondées dans l'immense expérience
de l'auteur, ces positions lumineuses pourraient emporter la
conviction des esprits non prévenus. - N. Hausman scm