Des clercs au service de la réforme. Études et documents sur les chanoines réguliers de la province de Rouen

(éd.) M. Arnoux
Histoire - Recenseur : Leclair
C'est en 1953, avec une étude de Ch. Dereine, qu'a redémarré l'étude d'ensemble du mouvement des chanoines réguliers augustiniens. Dans ce volume, M. Arnoux étudie leur action dans la province de Normandie aux XIIe-XIIIe siècles et leur concours à la réforme de Grégoire VII - lancée en 1075 pour libérer l'Église du pouvoir laïc dans l'attribution des bénéfices et des charges ecclésiastiques, y compris l'épiscopat -, ainsi que la réforme du clergé concubin et simoniaque. Ce travail fut rendu plus difficile par le fait qu'il n'existe pas encore de véritable histoire du duché normand avant sa conquête par les Capétiens en 1259, alors que le politique et le religieux sont étroitement mêlés. Vers 1120 naissent les prémontrés et les victorins de Paris, les deux moteurs de la réforme en Normandie où les bénédictins étaient nombreux, mais peu engagés dans les paroisses.
En 1127, un ermite, Guillaume, reçut de l'évêque de Rouen la mission de réformer la collégiale de Ste-Barbe-en-Auge et il y imposa la Règle de saint Augustin. Assez tardive, la réforme de Normandie fut cependant très ample et, en 1131, tout le chapitre cathédral de Sées était confié aux victorins qui étendent bientôt leur influence à des paroisses du diocèse. Les prémontrés arrivent à leur tour et les secondent un peu partout. L'essor canonial se prolongea jusque vers la fin du XIIIe s., puis commença à décliner. Si beaucoup de seigneurs résistèrent à la réforme, d'autres y concoururent de leur autorité et de leurs biens. La réforme des chapitres fut particulièrement difficile et même échoua à Lisieux. Victorins et prémontrés s'agrégèrent bon nombre d'abbayes existantes et moins ferventes. Ils s'organisèrent en réseaux assez lâches, les prémontrés étant un peu mieux groupés. Il fallait surtout réformer le clergé paroissial, mieux le former et l'assister dans son ministère. Les augustins se virent confier beaucoup de paroisses où ils logeaient à deux ou trois dans des prieurés. Ils se faisaient remarquer par leur vie pauvre et leur dévouement aux malades et aux lépreux.
Vers la fin du volume, on découvre trois cartes avec les implantations des augustiniens à diverses époques, alors qu'on aurait aimé les trouver au début du volume. Trois études particulières s'attachent à l'action des augustiniens à Corneville et Bourg-Achard (V. Gazeau), à l'abbaye N.D. du Val (M. Arnoux) et au prieuré de Friardel (Ch. Demetz). Suivent 90 pages de documents portant sur diverses fondations, Sées, les activités pastorales, N.D. du Val, Friardel, etc. Cette étude vient à point pour éclairer une période mal connue de la Normandie. - G. Leclair.

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