Prêté par le diocèse de Mende, Mgr «Paco» a vécu 42 ans en Amérique
latine: d'abord en Argentine, puis au Pérou où il été, pendant dix
ans, administrateur de la préfecture apostolique d'Ayaviri, une
charge dont il a été relevé en 1992, à l'âge de 57 ans. Retenons de
son précieux témoignage: option préférentielle pour les pauvres,
soutenus dans la défense de leurs droits et respectés dans leur
culture ancestrale et leur pratique de rites préchrétiens;
manifestations inoffensives d'une religiosité populaire,
injustement soupçonnée de paganisme ou de syncrétisme; communautés
ecclésiales de base; amitié et collaboration sacerdotale;
difficultés dues au climat, à l'altitude et au fait d'être un
étranger (décoré hors de France par un ambassadeur français!);
manque cruel de vocations péruviennes; arrestations, tortures et
assassinats; opposition des «possédants» bienpensants, et menaces
du Sentier lumineux: les prêtres et les laïcs engagés sont
soupçonnés par les forces de l'ordre de soutenir des groupes
terroristes qui, eux, les considèrent comme complices des forces
répressives. L'A. relève les tensions intra-ecclésiales au sein de
l'épiscopat national et les rapports tendus avec la nonciature (par
ex. refus de conférer l'ordination épiscopale aux administrateurs
apostoliques). Selon lui, certains prélats récemment nommés
considèrent le travail de leurs prédécesseurs comme une simple
action sociopolitique; ils prônent le retour à une pastorale axée
essentiellement sur la distribution des sacrements et sur une aide
sociale à caractère paternaliste. La postface est de la plume d'un
ami de l'A., théologien de la libération, Gustavo Gutiérrez. - P.
Detienne sj