L'ouvrage, d'une grande profondeur, se penche sur la question
fondamentale du mal, interrogation humaine récurrente. Cet essai
est nourri d'expérience personnelle, de réflexion afférente mûrie,
de lectures, d'analyses fines et souvent originales de textes
bibliques, de patristique, de philosophie. Il s'ancre dans des
situations contemporaines dramatiques. Il conjugue ainsi une grande
variété d'approches dans lesquelles la Bible reste fondatrice.
Jamais abstraite, l'étude, à l'instar de l'écriture et de ses
termes, considère des personnes, les morts et les vivants, les
méchants et les bons, agissant, en situation. Elle met au jour,
ligne directrice, la présence simultanée de « deux
mondes », déclinés, spécifiés à chaque étape (vivants/morts,
jardin/terre, au-delà/en-deçà, Royaume/monde, etc.), sans se
fourvoyer dans un faux dualisme. Ce sont deux logiques certes
incompatibles mais qui ne sont pas seulement inversées. Elles sont
traversées par une dynamique où se jouent conversion, salut,
advenue à la vie qui est relation, reconnaissance d'autrui,
rencontre avec Dieu qui en est l'origine et avec tout homme.
Le 1er chap. pose des bases, exemples précis
(procès de Duch à Phnom Penh, d'Eichmann à Jérusalem), textes de la
Genèse (création, chute, Caïn et Abel), conceptualité philosophique
(Kant, H. Arendt). Le 2e valorise la dynamique
avec les figures de Noé, de Joseph, les Psaumes et leur lecture
chez St Augustin. Le 3e est centré sur la
Bonne Nouvelle du Royaume en la Personne et la chair même du Fils,
dans les évangiles synoptiques, dans celui de Jean, chez les
apôtres Paul et Pierre.
Si le mal reste une énigme, cet ouvrage montre par l'écriture le
chemin et le regard qui ajustent le questionnement à la vie
première donnée par Dieu. - F. Laurent