Devoti e creativi. Estetica e religiosità popolare
G. TrabuccoThéologie - Recenseur : Davide Zordan
Dans une ample introduction, l'auteur énonce les diverses dimensions impliquées dans la religiosité populaire: la croyance et l'anthropologie religieuse, le sacré et l'art, la dévotion et l'esthétique, l'activité et la passivité. Il relève de multiples jeux de tensions entre ces dimensions qu'il faut toutefois éviter d'interpréter comme des contrapositions, en s'efforçant au contraire de montrer leur interconnexion profonde. Une logique binaire, ici comme ailleurs, simplifierait indûment les choses sur la base d'un préjugé rationaliste, alors que, dans le vaste domaine de l'expérience intérieure et de ses manifestations, une approche «symphonique» est fermement requise. On ne peut pas se contenter de mettre en parallèle les divers aspects; il faut les intégrer, de manière à mesurer la nécessité de chacun d'entre eux pour mieux comprendre les autres.Animé par une telle préoccupation, Trabucco aboutit à une lecture très unitaire de l'expérience humaine qui a de quoi faire sourciller historiens et sociologues des religions. Ainsi écrit-il, par exemple: «La dévotion […] partage la même portée théologique que la foi, mais elle en signale la racine anthropologique» (p. 76). On comprend vite toutefois qu'une telle perspective n'est pas dictée par la volonté de fournir des titres de noblesse à la dévotion, mais plutôt par la ferme détermination de mettre en évidence l'instance affective et imaginative inhérente à tout acte de foi. Trabucco ne nie pas «le défaut ou la limite qui afflige la religiosité populaire» (p. 49), même si ceux-là ne font pas l'objet de son analyse. Il soutient toutefois que, malgré et à travers ces limites, les manifestations de la religiosité populaire attestent la dimension esthétique de la croyance, et donc l'inhérence réciproque du spirituel et du sensible à tous les niveaux de l'expérience. À cette longue introduction fait suite la présentation rapide de quelques théologiens qui se sont plongés sur le sujet et dont la leçon est à retenir (R. Guardini, J. Plazaola, H.U. von Balthasar, P. Sequeri) en ce qui concerne l'approfondissement des formes de la religiosité populaire en relation avec l'expérience humaine et ses déterminations effectives (la naissance, la mort, la génération, le temps, le corps, les âges de la vie). La dernière partie du livre se concentre sur quelques pratiques spécifiques de piété (le chemin de croix, la dévotion à l'Enfant Jésus et les ex-voto) et revient sur la qualité intrinsèquement esthétique et implicitement théologique de l'acte de dévotion.
Le lecteur est prévenu d'emblée que le parcours tracé au fil de ces pages est marqué par le souci didactique. En effet, le souci pédagogique entrave parfois l'efficacité du propos par une trop évidente préoccupation de faire la synthèse et de maintenir l'équilibre des divers éléments. Mais en proposant, par la voie de l'esthétique, une considération théologique nouvelle des formes et gestes de la dévotion, le livre dit quelque chose qui mérite grande attention. - D. Zordan