Le titre est bien «trouvé» et donne le ton du livre. Faudrait-il
mériter l'amour de Dieu? Existe-t-il des situations, des actes, des
idées qui nous mettraient de manière irrémédiable en dehors de la
puissance de sa miséricorde? «Si ton père et ta mère t'abandonnent,
moi je ne te laisserai pas» (Ps 27,14). Ce frère dominicain,
longtemps visiteur de prisons, a aussi une expérience de retraites
de guérison intérieure. Il nous assure que, pardonnés devant Dieu,
il nous faut dépasser notre propre regard sur nous-mêmes. Personne
n'est irrécupérable. La tolérance zéro ou l'ecclésialement
«correct» ne peuvent pas signifier une stérilité de la miséricorde
divine dans l'histoire humaine.Comment nous en convaincre sinon en
relisant la manière dont Dieu exprime sa compassion (I) dans
l'histoire et son amitié pour les hommes: de la bénédiction de Caïn
au vêtement de gloire de l'innocence, Dieu fait toutes choses
nouvelles en son Christ. Il se laisse toucher par ce que je suis
(II): ce passage est d'une grande humanité! Car rien n'est jamais
perdu (III): l'espérance y est rendue à travers des situations
difficiles. La patience obtient tout et nous n'avons pas à rester
dans nos tombeaux. Car si Dieu nous revêt de miséricorde, c'est
pour nous «interdire» de nous juger nous-mêmes, mais nous laisser
revêtir de la tunique du Christ, l'unique juste et innocent. Ce
livre est plein d'élan: il ouvre les horizons et les coeurs. Il est
inspiré d'une belle retraite prêchée et garde certaines images et
expressions fort heureuses pour le lecteur. Il atteste combien la
Miséricorde divine est «effective, dynamique, guérissante,
transformante» (p. 11). Elle va souvent à l'encontre du «monde»,
d'un monde qui se défend de cet amour par la multiplication des
lois et de la violence en son sein. La seule performance qui compte
ne serait-elle pas celle de l'amour? «Pour se donner à nous, Dieu
ne nous demande pas ce que nous avons été, il n'est touché que de
ce que nous sommes» (citation du Père Lataste, 1832-1869). - A.
Mattheeuws sj