Notre A. y répond dans ce modeste commentaire de 200 pages à peine, qui ne suit pas le texte pas à pas, comme on le fait généralement, mais qui lit et relit avec nous le texte du vieux sage en ne cessant d'interpeller son lecteur et de le faire réfléchir: au fait, s'agit-il de sens ou de «non-sens»? Certes, Qohélet aborde des sujets divers touchant l'existence humaine personnelle et collective. Aussi le propos de ce livre est-il de «mettre en lumière les lignes de force» du texte (p. 7); dès lors, il réclame une attention soutenue et un travail précis de lecture. Déjà l'introduction présente en bref la matière et la structure, et demande pourquoi traduire «vanité» (hebel) par non-sens? Passant en revue les principaux thèmes, l'A. creuse avec nous successivement: temps, histoire et mémoire, puis travail, sagesse et plaisir; il aborde ensuite les relations et la communication de la sagesse par le langage; il s'explique sur l'argent et la fortune, la justice et la mort qui représente l'unique sort des humains; enfin il se penche sur la question cruciale: Qohélet et Dieu dans le contexte de l'AT. Une théologie s'en dégage, qui prend forme dans la conclusion de chaque chapitre où, par trois fois, l'A. s'efface devant les textes éclairants de P. Pisarra, E. Clauteaux et T. Iribarnegaray. Deux brefs chapitres encore traitent de la postérité de Qohélet avec Jérôme, le midrash et le targum, puis des résonances littéraires modernes. L'A. conclut: «Qohélet n'est pas la foi, ni la théologie; il est là pour que la théologie ne devienne pas une idéologie totalitaire… Il appartient au lecteur de traverser cette dialectique instaurée entre utopie et désenchantement» (p. 185).
Merci à l'A. de nous aider dans une réflexion qui entraîne le lecteur à approfondir sa foi et l'aide à la vivifier en la rendant mûre et adulte. - J. Radermakers sj