Le texte présenté ici résulte d'une intention précise, amicale et
emphatique «de collègue à collègue», c'està-dire comme une
enseignante (Évelyne) en conversation familière avec son ainée
(Edith), rencontrée à travers sa correspondance. Cécile Rastoin,
une autre «amie» de longue date, s'est attachée déjà (en 2009) à
l'entreprise titanesque de la traduction de ce massif épistolier.
Une courte mais précise biographie repère, comme les cercles qui
enregistrent la croissance de l'arbre, la double maturité de
l'enseignante (1922-1933) et de la carmélite (19331942): Edith,
Sara, Thérèse, Edwige Stein, soeur Bénédicte de la Croix… «une
brune aux yeux bleus (grau, en allemand)». Les chapitres
déploient alors de cette femme «racontée» par une femme, sa
collègue, les traits qui lui donnent sa figure de femme libre,
engagée, apaisée…. Une histoire, son histoire, marquée au sceau
d'une élection qui va se donner, douloureusement mais
impérativement, par «des non pour des oui» vers cette femme de
prière enfin offerte et unie, on ne peut en douter, au seul et pur
holocauste qu'elle avait associé à son nom. Des «éléments de
relecture du geste d'Edith Stein» sont proposés (chap. 8,
déportée). Deux chapitres encore, et ici en connivence
plus tranquille avec le métier de la collègue, donnent un bel
aperçu de la pédagogie d'Edith enseignante: des lettres pour
conforter, des conseils de sagesse. La brève conclusion nous
appelle au respect «du secret de notre propre existence pour
nous-même» (p. 200). À lire ce beau et sensible livre d'Év. F. nous
entrons certainement avec beaucoup de délicatesse au coeur de cette
relation personnelle - qui ne cache pas que «dans cette parole du
Notre Père, nous entendons tout à fait la même chose» (p.
191) - nouée au long d'une chaleureuse fréquentation. - J. Burton
sj