Plutôt qu'un commentaire suivi de la Lettre au Duc de
Norfolk, l'ouvrage de Vincent Gallois, prêtre du diocèse de
Toulouse, cherche à analyser la portée de l'affirmation de Newman
dans la Lettre: «si le sacerdoce éternel de l'Église venait à
disparaître, le principe sacerdotal survivrait à cette ruine et se
poursuivrait, incarné dans la conscience». La première partie est
consacrée à la nature sacerdotale de la conscience, comprise comme
médiation entre Dieu et les hommes. En effet, en tant que lieu
d'une révélation morale de Dieu qui se manifeste à l'homme dans la
voix de la conscience et qui, de ce fait, constitue une préparation
à la Révélation biblique, la conscience joue un rôle de «médiation
naturelle». Comment, dans l'ordre de la Révélation, concilier
celui-ci avec le rôle de l'Église, sacrement de l'unique Médiateur?
Il existe, selon notre auteur, un rapport analogique entre la
conscience et l'Église. Ce rapport est fait à la fois de
proportionnalité (manifestée par les termes d'autorité, d'altérité
et de médiation qui les constituent) et de profonde différence par
leur origine, l'une étant naturelle et l'autre relevant de la
nature et de la grâce. Nulle opposition toutefois, car «la
conscience est disposée, par sa nature, à s'épanouir dans l'Église
et la médiation de la conscience à s'exercer par celle de l'Église»
(p. 146). La thèse soutenue par l'A. est stimulante. Cependant, son
traitement aurait mérité davantage de rigueur, notamment dans
l'interprétation et l'usage des sources newmaniennes. On regrette
ainsi la place accordée à la littérature secondaire par rapport à
une analyse du texte même de Newman. - L. Terlinden