En arrivant au paradis. Contes du paradis et du purgatoire, illus. L. Tesson

Richard de Seze
Spiritualité - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.

Sœur Roselyne, religieuse de la Drôme et Christophe Pouzulu, intellectuel parisien agnostique, meurent tous deux : l’une va au Paradis, l’autre va au Purgatoire. Le récit à la fois humoristique, joyeux et profond commence. Et le lecteur entre dans ces univers, particulièrement la bureaucratique céleste : l’accueil des prières et leur exaucement, le rôle des saints, le surgissement des nouveaux saints, la vie des saints oubliés sur la terre, les divers types d’anges gardiens et anges de relation, la mission de saint Pierre. Dans les deux endroits, il s’agit de montrer un style de vie, un mode d’agir, des intentions secrètes.

L’A. est consultant en communication et journaliste culture pour plusieurs périodiques. Il joue avec notre imaginaire mais ces images et exemples sont très concrets. Sa postface est très intéressante puisqu’il y rend compte des principales affirmations théologiques sur ce monde invisible. Mais le récit lui-même offre déjà, sous le mode poétique, de beaux fondements à cette vie dans l’au-delà. La grandeur du Paradis est une vraie question : elle semble indéfinie et pourtant on peut voir et participer à tout en un instant et en flânant. Sœur Roselyne comme tant d’autres ne sont pas dépaysés car la « française » jouit des paysages de son pays et n’est pas dans une zone tropicale ! De fait le Paradis « est quasiment infini car il contient autant d’univers qu’il y a eu d’époques et de cultures. Pas étonnant qu’on s’y déplace à l’aise » (p. 42). Et les églises désaffectées sur la terre sont reconstruites au ciel… L’espace et le temps existent encore, mais transformés.

L’accueil et la vie au purgatoire sont adaptés aux personnes qui arrivent. La peine ou les peines sont déterminées par la vie personnelle tout en étant encouragées par la certitude d’aller un jour au Paradis. Quelle est la peine ? « Essayer de comprendre qu’elles ont été leurs erreurs. Tous les faits de leurs vies sont dispersés dans la bibliothèque. Chacun reparcourt ainsi toute son existence et comprend, selon la section où il a retrouvé un fait, ce qu’il a vraiment accompli » (p. 77). Cette recherche et cette relecture sont fatigantes et prennent du temps. Elle permettent cependant une restauration de sa vie (p. 127).

Ce livre est comme un conte. Lié au genre littéraire lumineux qu’il a choisi, l’A. n’aborde pas l’enfer : peut-être sera-ce un prochain livre ? Mais il nous rappelle qu’il y a « un sens du merveilleux chrétien qui est délicieux, avec toutes ces légendes où on sent proche et poreux le monde où nous vivons et celui où nous espérons continuer à vivre » (p. 153). L’affirmation théologique et spirituelle la plus forte est présente dans sa conclusion : « Dieu nous a créés physiques et vivants, à l’intérieur d’un monde au développement linéaire, et c’est physiques et vivants que nous ressusciterons ; (…) avec tout ce qui nous a constitués » (p. 155). — A.Mt.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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