Evariste Kabemba Nzengu, religieux de la congrégation des Joséphites, s’est déjà fait connaître dans le monde de la réflexion théologique sur l’écologie en publiant un volumineux Création et écologie. Pour une théologie de la terre mère (Londres, P.A.F., 2017). Le livre recensé reprend en partie ses réflexions sur la terre mère dans une édition plus légère et, à vrai dire, assez peu soignée (p. ex., dès la page de garde : « Esquisse d’une theologie eccologique »). L’A. y recourt notamment au concept de bèndéité emprunté aux baLuba du Kasaï (voir P.R. Van Caeneghem, La notion de Dieu chez les baLuba du Kasai, Bruxelles, 1956). L’homo bendeus est ainsi défini comme « celui qui considère toutes choses comme choses d’autrui de Dieu » (p. 15) et la question posée est la suivante : « Une anthropologie bèndéiste négro-africaine au diapason de la vraie tradition biblique ne gagnerait-elle pas en compréhension si toute chose est regardée comme chose-d’autrui-de-Dieu ? » (p. 58). Vu l’importance que semble tenir ce concept dans la pensée de l’A., on aurait tout de même aimé en apprendre un peu plus sur cette notion de Béndè. Par ailleurs et quels que soient l’apport et l’intérêt des traditions africaines pour alimenter et renouveler la réflexion théologique à propos des défis environnementaux actuels, il ne me semble pas utile de le faire en dévalorisant d’autres traditions tout aussi vénérables. Des réflexions comme la suivante sur le shabbat paraissent particulièrement maladroites et inappropriées : « Dieu ne se repose pas négativement à la manière des Juifs » (p. 71-72). Nonobstant ces remarques, ce travail et d’autres (voir, p. ex., D. Mushipu Mbombo, La théologie africaine face à l’urgence écologique, Paris, Karthala, 2022) attestent que, sur ces questions comme sur d’autres, la voix de l’Afrique ne peut pas être plus longtemps ignorée. — D.L.