Faites que je meure vivant ! Vieillir, mourir, vivre
Marie-Jo ThielMorale et droit - Recenseur : François Odinet
Ces différents horizons sont conjugués dans la perspective systémique de l'A. Ainsi l'anthropologie déployée est-elle nourrie de l'expérience des personnes très âgées et des «aidants», ainsi que des sciences humaines et médicales, tout en se laissant éclairer par l'Écriture Sainte. Cette anthropologie est essentiellement relationnelle. C'est par là qu'elle ouvre à l'éthique: «si la reconnaissance est ainsi humainement constitutive, il y a une responsabilité à la mettre en oeuvre» (p. 83). À ce prix, la personne très âgée peut poursuivre sa croissance dans la vie et, au travers d'un long dépouillement, transmettre aux générations suivantes un héritage de bénédiction (chap. 2). Le premier impératif éthique semble alors résider dans la conversion de notre regard sur le vieillissement et le fait de la dépendance, et donc sur les personnes dont la situation nous rappelle que ces réalités sont consubstantielles à notre humanité.
On notera l'intérêt du chap. 4 qui, dans un langage clair, propose empiriquement puis théologiquement une éthique de la compassion: sous le regard du Maître de compassion qu'est Jésus, l'A. découvre comme pierre de touche d'une telle éthique l'indispensable compassion de chacun pour sa propre humanité; il en va de l'authenticité de la relation à Dieu. La belle méditation conclusive ressaisit spirituellement le parcours et laisse place, non seulement à la réflexion, mais aussi à l'émerveillement de ce qu'il nous soit donné de vieillir, de traverser la mort… et de vivre. - F. Odinet