Femmes et gens d'Église dans la France classique (XVIIe-XVIIIe siècle)

M. Bernos
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
L'Église misogyne. À la rigueur consent-on à transformer l'affirmation en interrogation, étant entendu que la réponse ne peut qu'être positive. Et pourtant…
Dans un premier temps, l'A. étudie quelques grandes questions qui se sont posées à propos de la femme: Y a-t-il une nature féminine? (ch. 1er), la modestie: vertu féminine (ch. 2), et les femmes et le diable (ch. 3). La deuxième partie, intitulée «La femme dans tous ses états», présente une série d'aspects propres à l'existence de la femme: son éducation, son rôle d'épouse et de mère, le sort des veuves, les emplois qui lui étaient alors «réservés», ainsi que la manière d'être et d'agir des fondatrices de congrégations religieuses. La troisième partie est consacrée aux «gens d'Église face aux femmes», quand ils s'adressent à elles (comment et que leur prêchent-ils?), à la manière dont ils doivent se comporter avec elles, que ce soit dans la pastorale en général, dans la confession, où encore quand elles se montrent «rebelles» devant les clercs.
Certes le dossier établi par M.B. ne prétend pas être exhaustif: l'aire géographique et l'époque sont d'ailleurs bien délimitées. Il n'en est pas moins instructif et permettra sans nul doute de nuancer bien des opinions fort arrêtées. Il met entre autres en évidence que les clercs n'étaient pas spécialement plus misogynes que la société ambiante, en particulier le monde des juristes, souvent bien plus féroce à l'endroit du sexe dit faible - ce qui n'exclut pas que d'aucuns aient adopté des positions qui laissent pantois. Une telle étude mériterait d'ailleurs d'être poursuivie, à commencer pour d'autres régions et pour la même période. Plus intéressant encore peut-être serait de passer outre à la limite chronologique retenue par l'A.: le style de société inauguré par la Révolution et l'Empire napoléonien, si largement exporté et imité en dehors de la France, ne fut-il pas bien plus brimant pour les femmes que ne l'avait été l'Ancien Régime, et n'est-il pas une des sources les plus importantes des difficultés rencontrées de nos jours par les femmes, au point de rendre plus ardue encore la tâche de l'Église quand il s'agit de considérer la femme? - B.J.

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