L'A., membre de la communauté de Taizé, résume en quatre thèmes
l'ecclésiologie de Congar: tradition, réforme, catholicité,
autorité. Il illustre ses propos par de riches et abondantes
citations. Qu'en retenons-nous? L'Église n'est pas un système. La
tradition comporte deux aspects: conservation et développement,
impliquant une tension entre pureté et plénitude. Elle n'est pas
une pure transmission d'un dépôt inerte; c'est une réalité vivante
qui appelle à la fidélité non seulement au passé mais aussi à
l'avenir. Elle est reçue dans un sujet vivant qui transmet
nécessairement quelque chose de lui-même dans ce qu'il reçoit. Il
s'agit de passer d'une ecclésiologie de la répétition (de
l'identique qui se répète en se déformant) à une ecclésiologie de
l'actualisation, moyennant une attention soutenue aux inédits de
l'histoire. Une doctrine reçue à un moment donné peut ne plus
l'être à un autre moment, et inversement. La préservation de
l'identique n'est pas la répétition de l'identique: la seule façon
de dire la même chose dans un contexte qui a changé est de le dire
différemment. Catholicisme ne veut pas dire anti-protestantisme.
Notre théologie de la catholicité n'est pas assez cosmique. La
première fonction du magistère n'est pas de définir (un point
particulier en vue d'exclure une erreur) mais de transmettre un
dépôt et de témoigner: une définition ne propose pas la plénitude
de la foi. Ce que nous faisons contre quelqu'un, même contre
l'erreur, nous ne le faisons pas tout à fait catholiquement.
L'obéissance revêt un aspect de coresponsabilité. Une Église à
référence trinitaire ou pneumatologique reconnaît aux personnes et
aux communautés une qualité de sujets. Recommandé. - P. Detienne sj