Les textes religieux rassemblés dans cette anthologie sont extraits
des oeuvres de cinq représentantes, et théoriciennes,
contemporaines, de ce que le monde anglo-saxon appelle féminisme
français. Pour Luce Irigaray, le mysticisme est per se le domaine
du féminin: le Christ est le plus féminin des hommes; la plaie de
son côté évoque, à la manière thérésienne, la blessure de l'organe
féminin. Julia Kristeva, dans son Stabat Mater, défend la valeur
propre de la maternité (non «romancée» comme en Marie), ou la
sémiotique (f.) n'est pas sacrifiée au symbolique (m.). Catherine
Clément (qui a écrit une préface à l'anthologie) explore le
phénomène de jouissance, en évoquant le «sentiment océanique»
(Romain Rolland) expérimenté par les mystiques. Pour Hélène Cixous,
l'écriture féminine reflète la spécificité du don féminin qui se
répand sans fin, alors que le don masculin attend un retour
(puissance, autorité, argent, notoriété). Pour Monique Wittig,
l'hétérosexualité constitue la structure dominante de l'oppression
des femmes; le lesbianisme est la forme ultime de la résistance
politique: Les lesbiennes ne sont pas des femmes. Dans un poème en
prose Le Corps Lesbien (1973), bâti sur le modèle du Cantique des
Cantiques, elle présente l'amante crucifiée au Golgotha pour
l'amour de la déesse, innommable comme l'est Yahweh. Chaque auteure
est présentée; chaque extrait est introduit. - P. Detienne, S.J.