Ce livre d'un médecin théologien et d'un anthropologue éthicien
interroge ce que guérir veut dire dans un contexte de santé et de
laïcité, en partie transposable ailleurs. Considérant le patient
dans son individualité saisie dans un modèle occidental de médecine
technico-scientifique observant le développement important de
médecines autres ou alternatives,
ce livre ouvre un questionnement en 6 chap. Il débute par le
sens à donner à l'épreuve d'être patient face à une médecine qui ne
pense pas la guérison mais la postule dans l'action comme
atteignable. S'ouvre ainsi pour le médecin et le patient un temps
de la guérison où, au-delà de et à travers cet agir limité,
transpire le besoin de croire pour guérir. Mais la question
rebondit : croire est-il lié à une spiritualité, elle-même
liée à une religion ? Par ailleurs, un des obstacles à
l'émergence de ce besoin n'est-il pas le pouvoir qui, surtout du
côté du médecin, se double de l'unique savoir ? N'est-ce pas
alors que l'éthique et la norme viennent, par autolimitation,
ouvrir une brèche tant au dialogue qu'à la patience des uns envers
les autres qui mettent à l'épreuve de ce qui advient en humanité,
le temps de la guérison et les moyens de celle-ci ? Tout ceci
porte aussi des présupposés : la normalité de l'état de santé
s'approchant de plus en plus du tout guérissable, la maladie, la
souffrance et la finitude sont-elles reléguées dans la seule fin de
vie et la seule maîtrise humaine ou un fatum de
tragédie grecque ? Où en est le respect et la croissance
conjugués, de la compétence médicale et du patient dans la totalité
humaine de leur trajectoire de vie ? Dans une perspective
chrétienne, où en est l'ouverture à la guérison reçue comme un don
d'une grâce venant d'ailleurs que de notre seule volonté ou
industrie ? - A. Evrard s.j.