Même un auditeur occasionnel du Nouveau Testament a probablement entendu parler d’Hérode. Qu’il sache de qui il s’agit est moins certain ; d’autant plus que le NT parle de trois personnages de ce nom. Hérode, roi d’Israël par Jonathan Bourgel, spécialiste du judaïsme à l’époque du 2e Temple, permet à des lecteurs patients de combler cette lacune et d’approfondir leurs connaissances de la realpolitik dans l’est de l’empire romain autour du 1er siècle de l’ère commune.
Le livre est divisé en huit chapitres. Deux traitent de la préhistoire d’Hérode à travers la judaïsation de l’Idumée et la montée au pouvoir du clan paternel. Au chap. 3, l’A. pose la question de savoir si la condition d’Hérode était « une pierre d’achoppement à son statut de roi de Judée ». Les chap. 4 et 5 décrivent la consolidation de son pouvoir et comment ses travaux architecturaux (entre autres la reconstruction du Temple de Jérusalem et la forteresse de l’Hérodion) jouaient un rôle primordial dans sa politique. Le chap. 6 traite de la vieillesse et du déclin d’Hérode. Aussi bien la condamnation à mort de trois de ses fils, que la guerre contre les Nabatéens, menée sans l’autorisation de Rome, brouillaient sérieusement la confiance qu’avait l’empereur en Hérode. Le chap. 7 présente l’histoire de l’aigle d’or qu’Hérode aurait fait placer dans le Temple : Bourgel fait une étude historiographique fort intéressante. Le dernier chapitre explore l’histoire de la construction de la forteresse Hérodion et en quoi elle est un reflet du règne d’Hérode.
Bourgel possède une connaissance magistrale du dossier. Son livre est « savant » mais même un public plutôt « ignare » peut en profiter. Il est bien écrit, fruit d’une vaste recherche. Au départ (p. 19), l’A. pose la question de savoir si Hérode pouvait légitimement être appelé le roi d’Israël. À la fin (p. 303-304) il donne sa réponse. Que le lecteur soit convaincu par ses conclusions ou non (je ne le suis pas) Hérode, roi d’Israël vaut bien le détour. — M. Moscow r.a.