Histoire du christianisme des origines à nos jours, XIV: Anamnèsis (Origines - Perspectives - Index), éd. Fr. Laplanche

Col.
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Tâche ardue de présenter ce volume qui clôt une entreprise plus heureuse que le «Fliche et Martin» arrêté au pontificat de Pie IX, sauf à prendre en considération le coup d'audace des Éditions San Paolo qui osèrent assurer - avec succès - le relais jusqu'à notre époque, et même publier les volumes relatifs à des périodes antérieures à l'histoire contemporaine, que les responsables français n'avaient pu obtenir. Le titre étonnera peut-être; et le contenu donne des apparences de «fourre-tout», fait de trois parties qui ne seront pas présentées dans leur ordre d'apparition.
La deuxième partie - «Le christianisme en amont de son histoire: terres, sources et racines» - retrace les grandes étapes de l'histoire du judaïsme antérieur et contemporain du Christ, et présente les caractéristiques de la société juive (institutions, organisation sociale, croyances…). Sans mettre en doute la qualité de ces pages ni la légitimité de leur présence dans une collection consacrée à l'histoire du christianisme, d'autant qu'elles rendront de très estimables services, j'avoue ne pas saisir leur place en fin de parcours. Est-ce affaire purement pratique?
La troisième partie est un «index», principalement thématique, (mais y sont repris quelques noms de personnes ou de lieux). Est-il bien confectionné? Qui oserait se prononcer sur un instrument qui exigeait une maîtrise peu commune d'une matière si ample? Il existe et son réalisateur a droit à la reconnaissance du lecteur. En tout état de cause, il ne prendra toute sa valeur que pour ceux qui accepteront d'en user avec cette faculté si souvent décriée dans les milieux scientifiques, l'imagination, laquelle permettra à cet index d'accueillir des compléments.
Venons-en à la première partie. Outre un retour sur l'entreprise elle-même par Cl. Langlois, on découvre comme une symphonie foisonnante de rétrospectives sur de grands axes de l'histoire du christianisme, présentés à grands traits, ce qui ne veut pas dire avec simplisme (malheureusement, on doit bien reconnaître que certains chapitres auraient gagné si leurs auteurs avaient joué la carte de la simplicité du langage). Le premier chapitre - La foi chrétienne: sources et développements - regroupe des contributions de Fr. Laplanche («La Bible dans l'histoire du christianisme»; thèmes: la question du sens de l'existence, les rapports entre le peuple chrétien et le croyant à propos de la lecture de l'Écriture, les politiques tirées de la Bible), N. Lemaitre («Les choix théologiques et l'histoire»; thèmes: le dogme trinitaire; la nature du Christ et de l'homme; déification ou rédemption de l'humanité; péché et grâce; la «véritable» Église; «Hors de l'Église point de salut»); J. Jolivet («Spécificité de la théologie chrétienne»), et de Fr. Boespflug («Pour une histoire iconique du Dieu chrétien… une esquisse»). Le deuxième chapitre est dû à M. Meslin, Le christianisme et les religions, le troisième à M. Venard, Christianisation, déchristianisation, tandis que Ph. Lécrivain a rédigé celui intitulé Christianisme et cultures à la croisée de l'histoire et de la théologie, et G. Alberigo celui ayant pour titre Le christianisme un et pluriel - L'Église et les Églises - Les grandes étapes de l'éloignement et du rapprochement, et que J. Gaudemet examine L'institution du christianisme: les Églises et le droit. On aura reconnu des sujets «de toujours», en même temps que d'autres «actuels», qui indiquent à suffisance que l'histoire est toujours en grande partie le reflet des préoccupations de ceux qui la vivent et l'écrivent.
Il revint à É. Poulat de composer l'ultime «anamnèse», «contribution à une réflexion épistémologique sur l'histoire dans laquelle s'inscrit [l']entreprise [c-à-d. l'Histoire du Christianisme] et sur les conditions requises par son traitement. Une réflexion mue par le désir avoué de mettre en lumière ce qui fait la spécificité de l'objet auquel s'est attaché pareil projet et de regarder comment lui faire droit en deçà de toute philosophie ou théologie de l'histoire» (p. 259). De telles pages ne se «résument» pas. À mon sens, elles explicitent la célèbre phrase de Loisy, «Jésus prêchait le Royaume, et c'est l'Église qui est venue», qu'il faudrait comprendre comme suit: l'histoire du christianisme est toujours plus riche que ce qu'on en perçoit et comprend. Si raffinées et honnêtes que soient les méthodes d'approche, il y a un déploiement qui ne cesse de se construire, avec des «avancées» et des «régressions», il y a ce que É.P. appelle un «envers» de l'histoire du christianisme, invisible mais non moins réel. Dès lors, n'aurait-il pas été intéressant d'inclure dans le volume une histoire des «Histoires de l'Église» (entreprise certes d'envergure), en même temps qu'une «histoire de la dévotion», qui précisément pourraient peut-être nous introduire plus avant dans cet «envers»? - B. Joassart, S.J.

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