Histoire du Concile Vatican II (1959-1965). Tome I. Le catholicisme vers une nouvelle époque. L'annonce et la préparation (janvier 1559-octobre 1962), éd. G. Alberigo
Col.Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Ce volume relate les événements qui vont de l'annonce par Jean XXIII, le 25 janvier 1959, jusqu'aux ultimes préparatifs. Le premier chapitre traite de l'annonce proprement dite; dans le deuxième chapitre, É. Fouilloux analyse de manière particulièrement fine la phase antépréparatoire, à savoir cette vaste enquête destinée à recueillir auprès des futurs participants les sujets qu'ils estimaient devoir être abordés par le Concile. J.A. Komonchak présente la phase qui aboutit à la rédaction des schémas qui seront envoyés aux Pères, tandis que J.O. Beozzo analyse «le climat extérieur» (comment le futur concile fut-il perçu aussi bien par l'Église en général que, pour faire court, par le monde), puis que K. Wittstadt expose les derniers préparatifs y compris les problèmes d'intendance. G. Alberigo tire enfin les «leçons» de cette préparation.
Signalons quelques grands axes qui me semblent devoir être mis en évidence et qui ne manqueront pas de retenir l'attention du lecteur. Contrairement à une idée largement répandue, il ne faudrait pas croire que l'Église qui entre en Concile au début des années soixante n'a derrière elle qu'un passé fait uniquement de blocages, de réactions contre le monde moderne. Ce qui ne veut pas dire non plus que l'étonnement ne fut pas grand dès que Jean XXIII engagea l'Église dans son aggiornamento, ni que les parties les plus directement impliquées dans la préparation du Concile se montrèrent spécialement enthousiastes et empressées à répondre au désir papal. La préparation du Concile fut par ailleurs, selon un terme fort bien choisi par G.A., «luxuriante» (p. 547; p. 123, É. Fouilloux parle de la «luxuriance» des vota envoyés à Rome), et elle fut longue (plus que le Concile lui-même): que d'avis n'ont pas été émis, dans les directions les plus diverses. La Curie romaine entendit maîtriser le processus selon une orientation qui ne rejoignait pas précisément les intentions de Jean XXIII (in fine d'ailleurs, le travail de la Curie fut, pourrait-on dire, balayé au moment de l'ouverture), tandis que le pontife continuait à conduire la vie «ordinaire» de l'Église d'une manière assez différente de celle de ses prédécesseurs, lui imprimant un nouveau visage! Et ce sont sans doute ces longs délais qui permirent à l'Église, malgré une réelle impréparation (mais, si l'Église avait été prête pour ce que Jean XXIII voulait pour elle, le Concile eût-il été nécessaire?), de faire oeuvre vraiment belle. - B. Joassart, S.J.