Histoire littéraire des Bénédictins de Saint-Maur, t. 4, préf. J. de Viguerie.

Philippe Lenain
Histoire - Recenseur : Bernard Joassart s.j.
Avec ce 4e tome - réalisé selon les principes adoptés pour les trois précédents (cf. NRT 131/3, 133/2) -, P. Lenain convie à la rencontre de 273 mauristes érudits pour les 63 années concernées (ils étaient 272 pour les 40 années du 3e tome). Non seulement il permet de connaître chaque moine qui d'une manière ou d'une autre oeuvra dans divers domaines du savoir, mais, comme le fait remarquer le préfacier, il constitue aussi une porte d'entrée dans l'histoire de la Congrégation. Ces six décennies se révèlent bien moins riches en production. Le travail intellectuel, en particulier l'érudition historique dont un Mabillon jugeait qu'elle était «le travail du coeur, de la charité et de la vérité», est comme mis en veilleuse. Peu d'histoire, peu de théologie, pas de philosophie… Les raisons? Les fondements de la vie conventuelle connaissent un certain relâchement. D'autres tâches sont confiées aux moines: d'aucuns reprennent les collèges jésuites après la disparition de la Compagnie, d'autres sont chargés d'administrer les bibliothèques confisquées aux fils de St Ignace. Faut-il y ajouter l'air du temps, celui des Lumières, qui n'était pas bien fait pour se livrer aux études à caractère religieux? Rien ne permet de l'affirmer de manière catégorique, même si l'on peut constater que le cartésianisme est bien présent dans l'esprit de plus d'un religieux. Sans oublier que certains termineront leur vie dans la tourmente révolutionnaire et même adhéreront aux principes nouveaux. Mais, in fine, si toutefois certains mauristes demeurent des ouvriers de valeur, ne peut-on envisager que, comme c'est le cas de plusieurs entreprises de ce type, après une période de grande prospérité, suit, presque inévitablement, une époque moins productive: la grandeur des glorieux prédécesseurs peut effrayer et ne favorise pas le renouvellement; la routine s'installe; plus encore, on ne croit plus nécessairement à l'intuition originale et géniale des pionniers.
J. de Viguerie termine sa préface en disant qu'il faudra attendre Dom Guéranger et la congrégation de Solesmes pour retrouver une semblable entreprise; il précise:«l'esprit des études est le même. C'est l'esprit de Mabillon et de ses émules. C'est l'union de la charité et de la vérité, comme la voulait l'auteur du Traité des études monastiques.» Ce n'est pas le lieu de discuter pareille assertion. Il serait à coup sûr de mauvais aloi de mettre en doute les bonnes intentions d'un Guéranger, mais on peut s'interroger si, à contexte certes très différent, un Mabillon se serait retrouvé dans l'esprit de celui-là. - B. Joassart sj

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