Histoire spirituelle, t. 2 (chants IV-V), éd. N. Hecquet-Noti
Avit de VienneHistoire de la pensée - Recenseur : Alban Massie s.j.
En contre point, on peut mesurer les dérives de l'interprétation de l'histoire biblique qui mèneront à des aberrations au moyen-âge, à travers les écarts entre l'exégèse patristique la plupart du temps ecclésiologique et l'herméneutique moralisante et universaliste pratiquée sans trop de discernement par Avit. Ainsi, du corbeau quittant l'Arche de Noé, figure du peuple juif. Le thème est habituel chez les Pères, mais pour Augustin le corbeau est considéré négativement à cause de son orgueil, ce qui est selon lui le péché fondamental du peuple juif. Chez Avit, c'est parce que le corbeau est nécrophage qu'on peut le montrer comme une figure du peuple juif, qu'il accuse: «tu aimes la chair» (IV, 570, p. 104-105). On n'est pas loin des accusations malveillantes du moyen-âge contre les Juifs auteurs de meurtres rituels et blasphémateurs de l'eucharistie. Il reste cependant un authentique lyrisme dans ces vers qui permettent de situer Avit comme le point de rencontre entre un Boèce et un Cassiodore, à la même époque. - A.Ms