La nature du rapport entre liturgie et théologie se dévoile sur le
fond d'un double tournant anthropologique d'origine rahnérienne
qui, après avoir reconsidéré la subjectivité dans le discours
théologique, perçoit également l'importance de l'objectivité de
l'homme fait d'esprit et de chair. Le mouvement liturgique du 20e
s., prenant ses distances d'avec une perspective juridique, a ainsi
fait dévier l'attention des rubriques à la signification des textes
adressés à des auditeurs. Pourtant la question liturgique ne se
réduit pas à une question de texte ou de rite: elle est
essentiellement une question de participation et de célébration,
par le rite et les prières. La liturgie n'est pas seulement
communication, elle est initiation et expérience par l'acte de
culte. Cette redécouverte inaugure, avec une meilleure intégration
des sciences humaines dans le champs théologique, ce que l'A.
appelle un second tournant anthropologique, quasi linguistique et
phénoménologique (dont le début est daté des années 1980), qui
considère l'homme dans sa concrétude, alors que la première phase
le voyait in abstracto, comme si elle avait peur de sa complexité.
Voilà qui pourrait réconcilier foi et religion, théologie et
anthropologie, théologie fondamentale et liturgie par une
réévaluation de l'importance de la dimension corporelle et
symbolique, surmontant ainsi l'alternative entre théocentrisme et
anthropocentrisme dans une nouvelle synthèse. Ce petit livre, qui
poursuit la recherche de l'A. sur le rapport entre théologie
fondamentale et liturgie (Teologia fondamentale e liturgia, Padova
1995; Introduzione alla teologia liturgica, Padova 1999; La nascita
della liturgia nel XX secolo, Assisi 2003), se révèle stimulant
pour une nouvelle approche de la théologie liturgique au début du
21e siècle. - G. Bovens opraem