In Search of Ecumenical Vision
Aram I (Catholicos de Cilicie)Œcuménisme - Recenseur : Paul Lebeau s.j.
Un des textes les plus importants de ce recueil est le discours prononcé à l'occasion du 50e anniversaire du C.O.E. (1948-1998). Il fait état de la nécessité, à la fois réclamée par certaines Églises-membres et imposée par la conjoncture historique, d'une redéfinition de ce Conseil. On connaît en effet les objections soulevées, d'une manière de plus en plus insistante, par les Églises orthodoxes en ce qui concerne le fonctionnement de l'institution basée à Genève. Aram Ier invite d'une part les Églises de tradition protestante et anglicane à s'ouvrir à une participation plus organique d'autres traditions aux décisions et activités du Conseil, mais il engage aussi les Églises orthodoxes à «passer du monologue au dialogue, de la réaction à l'action, de la contribution à la participation». Et il exhorte l'ensemble des Églises à relever le défi formulé à Harare: «Notre vision oecuménique», qui a inspiré le titre de ce volume. Il cite notamment trois textes qui, selon lui, témoignent de cette nouvelle vision. Le premier est l'importante déclaration commune, signée le 25 janvier 1997 par le pape Jean-Paul II et Sa Sainteté Aram Ier, qui ratifie la communion de foi des deux Églises, et balise l'avenir de leur collaboration en ce qui concerne la promotion de l'unité des chrétiens. Notons toutefois que l'exercice d'un ministère de communion universelle par l'évêque de Rome n'est pas mentionné dans ce document.
Un second document significatif est la Déclaration commune signée par le Patriarche oecuménique Bartholoméos de Constantinople et le Catholicos Aram à la suite de leur rencontre à Boston, U.S.A., en octobre 1997, dans le contexte de leur visite pastorale aux fidèles de leurs Églises respectives. Dans la perspective du 3e millénaire, les deux Hiérarques y soulignent l'«importance vitale» pour les Églises orthodoxes d'une «réarticulation» et d'une confirmation de leur engagement dans le mouvement oecuménique en général et dans le Conseil oecuménique des Églises en particulier. En ce qui concerne les relations mutuelles entre les deux Églises, le Catholicos précise dans un autre document, présenté lors d'une réunion de leur Commission mixte de Dialogue à Genève, en 1993, que son Église ne reconnaît comme oecuméniques que les trois premiers Conciles (Nicée, Constantinople et Ephèse), et que le statut de primus inter pares, propre au Patriarche de Constantinople, est étranger à la tradition des Églises pré-chalcédoniennes.
Au sujet de cette dernière appellation, le Catholicos constate à juste titre que le vocabulaire oecuménique occidental témoigne d'une certaine confusion, héritée de «diverses connotations historiques et théologiques», en ce qui concerne la «famille» que constituent les Églises copte, syrienne, arménienne, éthiopienne et malabar. Il propose de les désigner (en anglais) par l'appellation Oriental Orthodox Churches, les Églises de tradition byzantine recevant le nom de Eastern Orthodox Churches. Il reconnaît cependant, avec raison, que cette distinction n'est pas opérante en d'autres langues - ce qui est, évidemment, le cas du français. Les pages qui susciteront sans doute le plus de questions sont celles qui sont intitulées «Église et appartenance ethnique» (Church and Ethnicity). On mesure, à les lire, combien l'histoire a profondément marqué l'ecclésialité des communautés dont il se fait le porte-parole. - P. Lebeau, S.J.