Ce petit livre, dû à l'un des premiers auteurs africains qui se soit intéressé de près à la bioéthique, présente trois intérêts majeurs. Tout d'abord, il témoigne d'une remarquable connaissance de la problématique bioéthique, telle qu'elle se pose dans les pays occidentaux. L'A. organise la matière autour de trois lieux: le début de la vie (p. 52-83); la fin de la vie (p. 83-91); le déroulement de la vie (p. 91-99), où l'A. aborde les questions de la manipulation du comportement, des dons d'organes et de l'expérimentation sur l'être humain. Un autre intérêt de cet ouvrage est qu'il pose clairement la carence majeure de la plupart des bioéthiciens d'aujourd'hui, à savoir l'absence d'un fondement situé au-delà des techniques et donc susceptible de les normer. Le principe retenu par l'A. est celui de dignité de la personne humaine, pensé en référence à l'Écriture et à la tradition (p. 50-54). Nous sommes d'accord avec l'A. pour estimer que ce principe doit et peut transcender la dualité de la perspective religieuse et de la société laïque pour être opérationnel (p. 53). Signalons également que cet ouvrage est la publication d'un fragment d'une thèse de doctorat en théologie (Le statut de l'embryon humain. Problème du fondement de l'éthique, sous la direction du P. Bruguès, O.P., à l'Institut catholique de Toulouse, en 1995). Nous partageons avec l'A. la conviction que la résolution du statut de l'embryon est stratégique pour fonder la bioéthique. Si, en effet, l'embryon est une personne en acte premier de subsistance - et est donc digne en soi -, a fortiori le fou, le malade mental, le retardé mental, le comateux, le marginal, l'agonisant, le comateux, le sont.
On appréciera aussi le chapitre I, qui, à travers quinze récits vécus, situe sereinement l'actualité quotidienne de la bioéthique en Occident et dans les pays en voie de développement. Le chapitre IV lui fait écho, qui, à travers l'évocation de la mondialisation, montre à quel point les problèmes bioéthiques se posent dans des secteurs différents en Afrique et en Occident. C'est en pleine connaissance de cause que l'A. peut qualifier notre médecine de «médecine de luxe» (p. 32). Ces pages très fortes constituent un approfondissement autorisé des thèses majeures de M. Schooyans (L'Évangile face au désordre mondial, Paris, Fayard, 1997).
On est en droit d'attendre avec intérêt d'autres contributions de la part de l'abbé Mulombe, un auteur remarquablement informé de la situation bioéthique sur le continent noir, et qui arrive à maturité. - Ph. Caspar.

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