Jean-Paul ii. Défenseur de la vérité. Pour mieux comprendre Veritatis Splendor

André Léonard (Mgr)
Théologie - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.

Le document examiné est l’un des plus importants du pontificat de Jean-Paul ii. C’est d’ailleurs la première encyclique consacrée principalement à la théologie morale : elle atteste que le champ de la recherche et de l’affirmation du Magistère concerne la foi et les mœurs. L’homme, selon le pape, ne peut être pleinement humain sans être éclairé par la vérité divine qui assiste sa raison et fortifie sa liberté créée et sauvée en Christ. Une préface de G. Weigel nous en donne encore le contexte dans la vie de Jean-Paul ii. La présentation de Mgr Léonard est assez pédagogique : elle est sur le mode d’une interview fictive et critique à laquelle il convient de répondre. Cette manière de faire permet l’intégration des objections, la mise en évidence des enjeux essentiels, et l’explication dans un autre vocabulaire des débats de la théologie morale fondamentale. Peu de gens ont lu intégralement l’encyclique : le texte d’A. Léonard donne du goût à la lire.

Cette encyclique fut fort débattue : elle touche le « lien délicat entre notre liberté et une vérité qui la dépasse. Pas de morale sans liberté intérieure, sans conscience personnelle. Mais, en même temps, pas de morale sans fidélité à des valeurs qui nous inspirent, sans obéissance à une exigence qui s’impose à nous. Comment associer les deux ? » (p. 24). Des doctrines nouvelles sont apparues et ont manifesté une opposition réelle et détaillée à la tradition morale fondamentale antérieure. L’A. souligne régulièrement qu’il s’agit de répondre sérieusement à une situation de crise.

Le commentaire du livre suit la ligne des chapitres de l’encyclique. D’abord réponse à la question (Mt 19,16) posée au Christ : « Que dois-je faire de bien pour avoir la vie éternelle ? » Ce chapitre est une méditation personnelle sur cette rencontre du Christ avec le jeune homme riche : la suite du Christ est l’horizon de toutes démarches bonnes. Le suivre, c’est faire bien et faire le bien. Le deuxième chapitre est plus long et plus dense : il opère un discernement sur certains courants théologiques. Ces débats de l’époque restent encore d’actualité et les jeunes générations seront aidées en lisant les arguments philosophiques mis en évidence par l’A. On y retrouve les débats sur l’autonomie, l’hétéronomie, l’autonomie participée (avec des fréquentes allusions à la contraception). Ensuite, des réflexions sur le lien entre la conscience et la vérité. Aucune liberté humaine ne peut y échapper et la complexité de cette thématique reste toujours délicate. Ce « question-réponse » sur le thème de la liberté de conscience est particulièrement éclairant. Il permet de se situer dans la définition et la réalité des actes bons à faire. La morale fondamentale et son contenu restent toujours reliés au concret de nos actes les plus simples.

Le dernier chapitre est plus court, mais il donne l’horizon et la grandeur de la vie morale car il s’agit toujours de ne pas réduire à rien l’acte sauveur du Christ sur la croix. Notre liberté est toujours en dette d’amour et de vie face à l’acte pascal. Elle est appelée à sortir d’elle-même, à se donner aux autres par amour. La croix est la fin et le tremplin de toute la vie morale chrétienne. Qui possède sa vie (liberté et conscience) est capable de l’offrir pour autrui (liberté) et pour rendre compte de la (vérité) accueillie et aimée. L’évocation de la place des martyrs dans cette réflexion finale atteste l’enjeu de toute vie morale et nous place devant des choix personnels et non pas devant l’observance de normes relatives, désuètes, idéales. L’homme est capable de Dieu, cela signifie qu’il est capable, par grâce, de lui ressembler et d’aimer à sa mesure, en faisant tout le bien possible en cette vie. — A.M.

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80