Jésus Christ, Grand Prêtre de l'ancienne et de la nouvelle Alliance. Étude théologique et herméneutique du «Commentaire» de saint Thomas d'Aquin sur l'«Épître aux Hébreux»
Antoine GuggenheimÉcriture Sainte - Recenseur : Emmanuel Tourpe
Organisé en quatre fortes «parties», l'ouvrage du P. Guggenheim a pour nerf principal la conception qu'a développée l'Aquinate dans son Commentaire du rapport entre préparation et perfection. L'A. souligne d'emblée cette ligne essentielle, notant qu'«en raison de la manière dont il pense l'histoire comme perfection inaugurale de la création à sa consommation finale dans la gloire, la nouveauté est pour saint Thomas le mode spécifique d'altérité introduit par l'histoire: l'altérité par accomplissement. La nouveauté récapitule ce qui la prépare: elle ne le dissout pas, mais le confirme. La promesse historique et spirituelle de l'Ancienne Alliance est conduite à sa plénitude par la nouvelle qu'elle prépare et figure» (p. 7). Cest ainsi que dans tout son Commentaire «saint Thomas affirme et confirme toujours la consistance de l'Histoire Sainte dans son accomplissement par le Christ» (p. 9).
L'A. propose dans la Première partie une «Présentation de l'ensemble du commentaire» «attentive à en souligner les caractéristiques herméneutiques et théologiques de la lectio scripturaire» (p. 13), «en particulier quant à la définition et au rôle du sens littéral […] mais aussi quant à la division du texte mise en oeuvre pour déterminer 'l'intention de l'auteur'» (p. 726).
La Deuxième partie («Étude du concept de 'conditio'») «parcourt l'ensemble du commentaire de manière semi-continue, en relevant et en étudiant les occurrences du concept de 'conditio' […] introduit par saint Thomas pour exprimer l'unité des dimensions historique et ontologique de la doctrine de l'Apôtre» (p. 13): «la Nouvelle Alliance est le surgissement du parfait dans l'histoire, la nouveauté indépassable de l'accomplissement de l'Ancienne Alliance dans le Christ» (p. 728).
Une Troisième Partie se présente comme une «Étude des concepts de 'perfection' et de 'consommation'» qui complète les vues précédemment acquises par la considération du mystère de la personne et de l'acte sacerdotal du Christ: «la révélation de la Parole divine dans le Christ porte à sa perfection son expression et sa transmission dans la création et dans l'Ancienne Alliance» (p. 730).
La Quatrième partie («Saint Thomas d'Aquin interprète de l'Ecriture. Reprises et perspectives herméneutiques») se consacre à la pratique exégétique concrète du Maître commun: l'A. y découvre que «l'herméneutique théologique de saint Thomas s'appuie […] sur une philosophie du langage attentive à l'acte spirituel d'engendrement du verbe. Elle rend compte du fait que l'Ecriture Sainte est l'âme de la théologie. Si elle passe plus vite que celle des modernes sur l'étude du sens contextuel, elle interroge leur tendance à faire de celui-ci le lieu ultime de vérité» (p. 735).
Étant donné l'importance des thèmes soulevés, le caractère extrêmement précieux aussi des découvertes faites relativement à la notion d'accomplissement (qui n'est pas sans toucher aussi au sens métaphysique de «l'acte» chez Thomas), il serait judicieux que l'A. prépare à destination du grand public une synthèse accessible de ce livre de référence. - Emm. Tourpe.