Jésus de Nazareth, Christ et Seigneur. Une lecture de l'Évangile. T. I et 2
Pierre GrelotÉcriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
Un avant-propos précise le but et la méthode de l'oeuvre, écrite dans le cadre du XXe siècle finissant et du fléchissement de la foi chrétienne. Un «prologue» esquisse avec brio l'état de la question touchant les sources évangéliques et décrit le milieu socio-politique et religieux de Jésus. Une centaine de pages d'introduction fait le point de manière décisive sur la situation de la recherche. Après un prélude à l'Évangile consacré à la prédication de Jean le Baptiste, le premier tome présente une grande fresque du versant ascensionnel du ministère de Jésus: prédication et miracles, charte du Royaume avec le sermon sur la montagne, mission des disciples, une guérison à Jérusalem, les paraboles, puis les circonstances et le déroulement de la crise galiléenne. Sans suivre un ordre chronologique, l'A. regroupe les épisodes et les paroles de Jésus par affinités thématiques. L'ensemble constitue «un portrait concret de sa personne, brossé à grands traits et éclairé plus d'une fois en anticipant sur la façon dont la résurrection permettait de la comprendre». Ainsi s'exprime l'A. lui-même au début de son second tome (p. 11).
Dans ce deuxième volume, il présente la marche de Jésus vers la mort, son intervention à Jérusalem au cours de la dernière Pâque, où les Synoptiques, sans doute, recueillent d'autres souvenirs de montées vers la ville sainte. Après un chapitre «sur les routes», nous assistons à la fête des Tentes (Jn 7-8) et au dernier hiver (Jn 10-11), avant «le pèlerinage final» où se rejoignent les quatre évangiles. Nous suivons alors de très près la passion de Jésus, depuis le dernier repas dans la chambre haute jusqu'à la mort du Christ en croix, tantôt suivant les récits des Synoptiques, tantôt dans la version johannique. Une deuxième partie est consacrée d'abord à la résurrection du Seigneur le matin de Pâques et aux manifestations du Ressuscité, jusqu'à la naissance de l'Église, avec les premiers chapitres des Actes des apôtres. Les trois dernières sections de l'oeuvre sont particulièrement significatives. C'est d'abord une réflexion sur l'incarnation, avec «les origines de Jésus» en Mt et Lc: relecture suggestive des évangiles de l'enfance. Ensuite l'A. termine par un point d'orgue saisissant: «une contemplation du Christ en gloire» reprenant les hymnes christologiques pauliniens (Ph 2,6-11 et Col 1,15-20), avant de méditer la figure du Grand Prêtre en Hébreux 5, pour terminer avec la vision du Fils de l'homme et le grand combat final en Ap 1 et 19 avec, en conclusion, une méditation sur le Verbe fait chair en 1 Jn 1. Une postface rappelle brièvement le propos de l'ouvrage et le chemin parcouru. Enfin un triple index des auteurs, des références et des thèmes traités clôture chaque volume.
Le texte est alerte, précis, ample et ferme. On y perçoit une longue expérience exégétique et la compétence d'un linguiste averti. On y retrouve aussi l'histoire de l'interprétation évangélique de ce siècle. Malgré le petit nombre relatif des notes, la polémique n'est pas absente: Bultmann et Drewermann en font souvent les frais. La masse d'informations linguistiques, littéraires, historiques et théologiques est impressionnante, et l'on pardonnera à l'A. ses nombreuses redites, compréhensibles en ce genre d'ouvrage, qui est davantage un objet de consultation et de référence qu'un livre à lire de A à Z. Ceux qui auront le courage de s'y atteler ne seront pas déçus! Sachons gré à l'A. de nous avoir offert pareil fruit de son jardin. - J. Radermakers, S.J.