Après nous avoir guidé à la rencontre de Job dans sa postérité
littéraire avec cette justesse de ton qui ne pouvait venir que
d'une attention aiguisée et éprouvée elle-même par le feu (cf. NRT
124 [2000] 130), notre A. nous accompagne maintenant tout au long
du périple de Jonas. Et quelle aventure! En revisitant les auteurs,
anciens et contemporains confrontés à la destinée du prophète,
cette relecture nous provoque fraternellement à ne pas oublier
d'oser la nôtre. Car la fuite, la tempête, les ténèbres au creux du
monstre, aucune des étapes jonasiennes éprouvées si diversement par
les auteurs choisis ne manquent pas d'être bien celles du «lecteur
acteur» que nous sommes. Ce qui nous surprendra toujours est cette
étonnante polysémie des Écritures qui s'exposent aux risques des
transpositions littéraires. Celles-là mêmes, parfois peu
«orthodoxes», qui paradoxalement nous dévoilent encore un «inédit»
de la lettre et de son Esprit. Il faut dire que l'enquête proposée
ici rencontre un nombre impressionnant de ces auteurs qui ont été
marqués au sceau indélébile de la figure de Jonas. Celle-ci,
métamorphosée ou métaphorisée, révèle ainsi sa fécondité ayant
initié ces oeuvres fortes qui «ont exprimé l'attente et l'accueil
de telle ou telle époque et de telle ou telle collectivité» (160),
de telle ou telle existence singulière.L'iconographie qui rehausse
l'un ou l'autre des moments clé de cette pérégrination est
remarquable comme l'est aussi la judicieuse et abondante
bibliographie (en plus de la trentaine des oeuvres étudiées on sera
heureux de connaître les références d'un bon nombre d'études
d'exégèse, de critique et de théorie littéraire). Les index
habituels complètent ce volume, et celui des citations bibliques
souligne le caractère authentiquement exégétique d'un travail dont
nous ne pouvons que souhaiter qu'il ne soit pas le dernier. - J.
Burton sj