L'exégète dominicain M.-J. Lagrange (1855-1938) a été non seulement
un grand savant, mais également un grand spirituel. En témoignent
les deux cahiers, transcrits ici intégralement et sans commentaire,
qu'il s'est astreint à tenir régulièrement au fil des ans et dont
il aimait faire la relecture. Les textes prennent fréquemment la
forme de prières. L'A. y manifeste une profonde intimité avec le
Seigneur et une tendre dévotion à Marie Immaculée: «Mon Dieu, vous
m'avez blessé d'amour… Vous avez été trop bon pour moi… Marie, le
fond de mon coeur est à vous.» Chaque page commence par «Ave
Maria». Tout en notant «grâces sans nombre, grâces de choix», il se
juge sévèrement et ne cesse de se plaindre de sa tiédeur: «Petite
vie molle de vieux garçon égoïste… tout en moi est profane: tenue,
conversations, relations.» De retraite en retraite, il revient sur
ses résolutions: pas fumer, pas priser, pas de vin pur, pas de café
à midi, pas manger des fruits dans le jardin, pas me coucher durant
la sieste, pas de dominos, pas de romans, pas trop boire pendant
les chaleurs. Il s'impose un horaire minutieux et fort strict. Sa
dévotion préférée? Le rosaire. Ses saints de prédilection?
Dominique, Vincent Ferrier, Catherine de Sienne, Thérèse d'Avila,
Marguerite-Marie… Ses défauts? Esprit caustique et entêtement dans
la discussion. Relevons aussi son affection pour sa famille et sa
nostalgie de la France. Peu de place pour les faits
autobiographiques («J'ai été humilié profondément… Se révolter, je
n'y pense pas… mais faut-il donner un témoignage extérieur
d'adhésion enthousiaste?»), et peu d'allusions aux confrères, dont
il a été le prieur. Recommandé. - P. Detienne sj