Jubiler ou les tourments de la parole religieuse
Br. LatourThéologie - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Il voudrait éliminer du langage religieux tous les termes philosophiques de substance, relation, personne, etc. pour ne garder que la seule parole évangélique, car «la présence réelle de Dieu dans la parole qui porte sur lui dépend de cette parole même». Nous devons retrouver notre liberté de parole et partir du vécu présent vers le passé et vers l'avenir. C'est là un travail collectif de longue haleine qui requiert une institution, même imparfaite, pour trier les inventions.
En très bref, au risque de le trahir sans les explications nécessaires, son plan consiste à: ne pas croire à la croyance; rendre quelque force à la notion de construction, fabrication; rendre l'institution synonyme d'innovation; abandonner l'anti-idolâtrie; réhabiliter le relativisme; ne pas lier la religion à l'archaïque ou à la modernité; renouveler individuellement les paroles saintes. Ce n'est pas peu de chose et cela exige explications. Et il se demande comment ébranler le poids de 2000 ans d'élaborations collectives. Il faut reprendre à nouveaux frais le message antique, car il existe différentes façons d'être fidèle. Le langage amoureux pour expliquer le religieux est tout aussi valable qu'un autre, mais il est difficile de trouver les mots justes pour bien, parler du présent. Et il précise:«Dans la religion, on ne doit pas inventer, mais renouveler dans la fidélité».
200 pages d'un seul tenant, sans titres ni sous-titres pour marquer la progression, c'est éprouvant. Ce livre secoue le lecteur, le fait sursauter, le blesse même parfois, mais retenons que Latour veut changer la manière de parler de notre religion et non le contenu de celle-ci, mais il est décapant. - B. Clarot, S.J.