Ce livre, en résonnance avec l'année sacerdotale, se compose des
méditations offertes à la Maison Pontificale en présence de Benoît
XVI durant l'Avent 2009 et le Carême 2010. L'objectif de l'A. n'est
pas de faire une «nouvelle synthèse» doctrinale ou d'offrir des
profils idéaux de prêtres, mais son souhait est de toucher les
coeurs profonds, ceux des prêtres qui lisent ces méditations et des
chrétiens désireux de comprendre la présence et la mission du
sacerdoce au sein de l'Église. On retrouve avec joie le style
dynamique et l'enracinement original de la prédication de l'A. En
son fondement, les prêtres sont des «serviteurs et amis de Jésus
Christ» (i). Cette intimité est l'âme de leur vie consacrée aux
saints mystères. Ainsi l'onction de l'Esprit est-elle décisive pour
les consacrer et leur permettre de «diffuser le bon parfum» du
Christ (ii). Mêlant toujours des textes des Pères à ceux du
Magistère, l'A. transmet également avec netteté et discrétion
quelques éléments de son expérience personnelle. Sans l'Esprit, la
vie du prêtre est sans relief: elle rejoint certains actes des
cultes païens. Les prêtres sont les ministres d'une alliance
nouvelle (iii) où la conjonction de la «lettre et de l'Esprit» est
source de vie éternelle dans le temps. Un chapitre succinct mais
instructif (iv) nous ouvre le champ de la parole pour les prêtres.
Prêcher le Seigneur Jésus Christ, c'est discerner en vérité que
dire, pourquoi le dire, et qui est le prédicateur au fond des
coeurs. N'est-ce pas l'amour du Christ qui pousse à «dire» et à
«servir» la Parole? L'offrande du Christ est à la fois la nouveauté
de son sacerdoce (v) et l'appel à faire de même de générations en
générations pour les prêtres qui font «ceci» en mémoire de «Lui».
Le corps et le sang de l'unique grand-prêtre sont les «creusets» de
toute imitation, de toute offrande, de tout service. À cette
lumière eucharistique, le sacerdoce ministériel se voit lié
intrinsèquement au sacerdoce universel des fidèles. Humble
serviteur de ce corps vivant, le prêtre est appelé à tout faire,
dans l'obéissance, sous la motion de l'Esprit. La crise du
sacerdoce et la nécessaire conversion de tous sont abordées (vi) de
manière scripturaire, en commentant certains passages de
l'Apocalypse: cet angle de vue, apparemment moins concret, est
néanmoins suggestif car il souligne en vérité, par la parole de
Dieu, les reproches profonds que Dieu pourrait faire à ses
serviteurs, l'aide qu'il est prêt à leur accorder, et la profondeur
du renouveau attendu. «Voici, je me tiens à la porte et je frappe».
Telle est la miséricorde de Dieu envers son Église et ses
ministères. La mission du prêtre est éclairée aussi par la figure
de Marie: ce thème appartient à certains courants de la Tradition.
L'acte de foi est le point commun radical de ces figures
ecclésiales (vii). Le dernier chapitre viii est une heureuse
conclusion et nous transmet ce qui a été prêché le vendredi saint
de 2010: sur la croix, comme dans la théologie de l'épître aux
Hébreux, est exposé le seul et unique «grand-prêtre» qui nous sauve
et nous dit à travers les siècles la bonté de tout don de soi pour
autrui. Sans l'amour qui va jusqu'au bout, aucun acte humain ni
aucune institution ecclésiale ne peuvent porter le fruit que Dieu
et les hommes en attendent. - A. Mattheeuws sj