Cet ouvrage répond à une aspiration latente ou diversement exprimée
d'un nombre croissant de nos contemporains, celle de «mettre en
rapport ces deux domaines si différents que sont la science et la
religion», ce qui constitue probablement «la plus grande aventure
spirituelle de notre époque», tout en respectant rigoureusement la
spécificité de l'une et l'autre. L'A., professeur d'astrophysique à
l'École Polytechnique Fédérale de Zürich, y est parvenu grâce à des
échanges nombreux et prolongés avec des théologiens, des exégètes
et des spécialistes des religions qui lui ont permis de «franchir
les limites de son savoir»: en témoignent les nombreuses références
philosophiques, bibliques et mystiques qui voisinent dans l'Index
avec le vocabulaire astrophysique. Tout en recommandant la lecture
intégrale de cet ouvrage relativement concis, nous ne croyons
pouvoir mieux y inviter ici qu'en évoquant quelques propositions
essentielles qui reflètent l'originalité. 1 - «Dans ce livre, je
pars du principe que la foi et la science sont deux voies
différentes d'appréhender la réalité», tout en accordant «autant de
crédit à la science qu'à la foi» (p. 11-12). 2 - «Par foi,
j'entends le processus par lequel une personne met en rapport Dieu,
le monde et sa propre existence. Je prends comme modèle le système
religieux du christianisme, dont les concepts théologiques me
fournissent des connaissances et des outils précieux pour mener à
bien ma tâche…». Il se distancie ainsi de ceux qui réduisent la
religion à une métaphysique simpliste. 3 - «J'ai voulu écrire ce
livre pour tous ceux qui se sentent fascinés par les innombrables
découvertes scientifiques faites de nos jours; pour ceux aussi qui
s'intéressent à la culture héritée de nos ancêtres, et plus
particulièrement à son coeur, la religion» (p. 13). 4 -
«L'étonnement peut représenter une interface entre la foi et la
science. L'ordre, la créativité et le temps sont des aspects
communs à ces deux plans» (p. 62). 5 - «À sa manière qui tient
compte des connaissances de l'époque, les récits de la genèse de
l'Ancien Testament fournissent un bon exemple de la manière dont la
foi peut interpréter une conception du monde» (p. 63). 6 - «La
représentation de Dieu en tant que force de la nature ne correspond
pas à la conception théologique judéo-chrétienne» (p. 106).
Et enfin, cette thèse qui ouvre la quatrième partie du volume:
«L'univers a une histoire fascinante: celle de la naissance de
l'ordre à partir du chaos, de l'émergence surprenante de la
nouveauté, qui vient chambouler les fondements existants pour en
créer d'autres. Sur un autre plan, celui qui se sent interpellé par
l'Événement pascal y découvrira un renouveau de prime abord
mystérieux et saisissant… La crucifixion et la résurrection
révolutionnent l'image traditionnelle de Dieu en révélant sa
compassion envers la déchéance et, simultanément, sa capacité à
créer de nouvelles structures ainsi qu'un ordre nouveau. Ces
événements ont valeur d'exemple, de modèle grâce auquel l'évolution
passée et future de l'univers se fait récit de création. Ils
servent de ce fait de clé à l'interprétation chrétienne de
l'univers. Observé à la lumière de ces événements, l'univers
acquiert une nouvelle dimension: l'espoir» (p. 144). - P. Lebeau sj