L’Église, les jeunes et la mondialisation. Une histoire des JMJ

Charles Mercier
Histoire - Recenseur : Céline Baumet

Si des millions de jeunes catholiques ont participé au moins une fois dans leur vie aux Journées Mondiales de la Jeunesse, moins nombreux sont ceux qui ont pu collaborer directement à l’organisation de l’événement et en découvrir les coulisses. Charles Mercier, maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université de Bordeaux et membre de l’Institut universitaire de France, a participé aux JMJ de Paris en 1997. Dans un ouvrage passionnant, il livre les résultats d’une enquête approfondie sur les JMJ sous le pontificat de Jean-Paul ii. Malheureusement, ni le titre, ni la quatrième de couverture n’annoncent cette limite du champ d’étude. La raison de celle-ci est double : il s’agit à la fois de « garder un minimum de recul historique » et de « conduire une enquête basée sur la consultation d’archives et la collecte de documents inédits et non sur la simple compilation de sources imprimées » (p. 15), ce qui implique un nombre important de documents à analyser.

Après un travail d’investigation conséquent – l’A. a consulté de nombreuses archives, rencontré des témoins dans les différents pays organisateurs, et la bibliographie compte une vingtaine de pages –, Charles Mercier retrace la genèse de l’événement (à partir des « prototypes », les rassemblements romains de 1984 et 1985), montre le fonctionnement des JMJ avec un Conseil pontifical pour les laïcs qui acquiert de l’expérience au fil des années, mais qui doit nécessairement œuvrer en collaboration avec les pouvoirs publics et les diocèses qui accueillent les JMJ. La chose n’est pas forcément aisée, comme en témoignent les nombreuses anecdotes qui émaillent l’ouvrage. Mais le jeu en vaut la chandelle, puisqu’il s’agit de bâtir des ponts à tous niveaux : entre jeunes de différentes cultures, entre Église et jeunes, entre Église et État, le tout dans une société de plus en plus sécularisée…

Moment fondateur dans la vie de milliers de jeunes, ce rassemblement autour du pape Jean-Paul ii « apparaît comme un symptôme de la poursuite de la sécularisation et non comme le signe que celle-ci s’est arrêtée » (p. 484) – en effet, « les jeunes croyants ont besoin de se retrouver parce qu’ils sont isolés dans leur environnement quotidien » (ibid.). Toutefois, l’A. précise qu’« au-delà de leurs conséquences en termes d’adhésions individuelles, les rencontres instituées par Jean-Paul ii constituent une réponse efficace à la sécularisation », grâce justement à une « coopération réussie avec les entrepreneurs, les artistes et les journalistes » (p. 485).

Une suite à cette enquête serait la bienvenue pour mettre en lumière la continuité, les points communs et les divergences entre les JMJ sous Jean-Paul ii et les suivantes, de 2005 à nos jours, auxquelles les papes Benoît xvi et François ont convié les jeunes. — C. Baumet

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80