Quand le Pape voulait réformer l'Église: ainsi titre la manchette
publicitaire d'un recueil de six conférences délivrées par le
cardinal Ratzinger en 1990. Les trois premières, qui reprennent un
cours d'ecclésiologie présenté aux évêques brésiliens à Rio de
Janeiro, concernent: l'origine et la nature de l'Église, la
primauté de Pierre et l'unité de l'Église, la tâche de l'évêque
dans l'Église universelle et l'Église particulière. L'A. y rappelle
que, pour les orthodoxes, l'idée d'un ministère pétrinien est une
contradiction: elle tend à un modèle mondain d'unité qui s'oppose à
l'unité sacramentelle représentée par l'eucharistie. Il invite les
évêques à se garder de toute uniformisation pastorale, et à
respecter l'autonomie, non absolue, des réalités terrestres.
Suivent alors une adresse aux évêques, réunis à Rome en Synode, qui
examine la nature du sacerdoce, et une allocution au meeting annuel
de «Communion et Libération» à Rimini, qui traite de la réforme
ecclésiale: pourquoi l'Église déplaît-elle à tant de monde
aujourd'hui? Les prêtres, estime l'A., se sentent frustrés à cause
de leur recherche exaspérée de rendement. Il ajoute que, plus nous
créons d'organismes, moins il y a de place pour l'Esprit: ce dont
nous avons besoin, c'est d'«une ablatio qui laisse de nouveau
apparaître le visage authentique de l'Église». Aux partisans du
principe de la majorité, il rappelle que la majorité dans l'Église
est diachronique: elle inclut les saints de tous les temps. Un
important dernier chapitre, Conscience et vérité, évoque la
prétention d'une conscience subjective erronée, qui justifierait
l'homme en le protégeant des lourdes exigences de la vérité: tous
les hommes ont besoin du sens de la faute, protestation de la
conscience contre l'existence satisfaite de soi. - P.-G.D.