L'etica di Romano Guardini. Una sfida per il post-moderno, éd. F.L. Marcolungo e S. Zucal

Col.
Morale et droit - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
En 2003 à Vérone, ville natale de R. Guardini (1885-1968), s'est tenu un congrès international sur son «éthique». R.G., rappellent les deux éditeurs, fut l'un des penseurs chrétiens les plus créatifs et les plus influents du XXe s. et l'un des pères de la nouvelle conscience européenne. Ses derniers cours munichois consacrés à l'éthique ne furent publiés que 25 ans après sa mort, en 93. Il a essayé d'y concilier la tradition chrétienne avec les défis post-modernes. On peut dire que ce fut là son testament spirituel. Dans le premier des 14 essais de ce volume, H.B. Gerl a écrit un article capital sur l'histoire de la pensée guardinienne à propos de l'éthique ou la tension entre nature et surnature. R.G., dit-elle, a toujours songé à l'éthique comme esprit et vie. Sa réflexion sur le sujet a commencé dès 1905, fut mise par écrit en 1914 et il y base l'éthique sur la tension entre l'appel divin et la réponse humaine; sa réflexion se précise en 1933, dans «Volonté et liberté», en 53 dans «L'acceptation de soi» et enfin en 63 dans «Méditations sur la vie éthique». Il donne quelques cours sur l'éthique de 1923 à 30, puis son grand cours à Munich de 50 à 62. Il affronte hardiment la pensée moderne dans la personne de Nietzsche. La liberté, dit-il, nous est donnée, mais l'homme se veut en outre autonome et suffisant. Il faut le prendre au sérieux. L'homme doit se construire, certes, mais il est corps et esprit et, comme esprit, il se sent appelé à une vie supérieure, à un au-delà transcendant. L'oublier, c'est nous détruire. Or le nazisme a voulu réduire l'homme au biologique, au sang, à la race. Nietzsche en est responsable pour une bonne part.
Dans son «éthique» finale, R.G. tente de fonder les valeurs naturelles et chrétiennes. Il a beaucoup plus parlé des valeurs naturelles que des valeurs chrétiennes, car l'éthique naturelle est une anticipation de l'éthique chrétienne puisque l'homme est créé par Dieu à l'image divine. L'homme n'est pas coupé du chrétien. La liberté nous permet d'agir conformément ou non à notre nature, pour nous construire ou nous détruire selon nos choix. L'homme actuel concret est attiré vers le bien, mais handicapé par l'influence du mal en lui et dans le monde. Le salut offert par Dieu en Jésus-Christ fait appel à la liberté de l'homme pour être accepté activement.
C'est dans ce cadre de pensée que s'insèrent les 13 autres essais divisés en 4 sections: la première parle de la genèse et de l'évolution de la pensée de Guardini confrontée à Bonaventure, Augustin, Pascal et Kierkegaard. La seconde souligne son souci personnaliste et dialogal, sa dialectique dans la critique de la gnose (Böhme, Rose-Croix, Rilke, Th. Mann), le rapport entre le devoir éthique et la liberté, l'existence vue dans l'optique des «âges de la vie». Dans la 3e section, R.G. aborde la problématique théologique car, pour lui, la morale naturelle vit de la Révélation: sa vision morale, éthique chrétienne et conversion, puis «l'essence du christianisme». La 4e section concerne la politique: politique et morale, puis un inédit de 1933 sur le rapport entre morale chrétienne et totalitarismes, enfin la confrontation de sa pensée avec celle de Bonhoeffer face au nazisme.
Ces études riches et nourrissantes éclaireront plus d'un lecteur sur les rapports entre morale, nature et foi, car ce problème capital est toujours d'actualité pour construire un monde meilleur dans un contexte pluraliste. - B. Clarot sj

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