L'Évangile retrouvé. Jésus et l'Évangile primitif
P. NautinÉcriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
Partant de Lc, l'A. lui compare Mc et postule une «source X» connue également de Mt et Mc; il pense pouvoir retrouver l'Évangile primitif (EP) en-deçà de ses trois témoins: une collection de Dits de Jésus groupés selon un plan logique, écrite peut-être entre 30 et 35, tandis que Mc daterait de 70-80, Mt de 80-90 et Lc de 95-100. Une 2e partie s'attache à scruter le début de la collection des Dits de Jésus et de l'EP (béatitudes, malédictions) et à en dégager le prologue supposé, puis l'A. étudie le cycle du baptême en Mc et Mt. Se tournant alors vers la fin des évangiles (3e partie), il tente de fixer l'épilogue de l'EP depuis la montée de Jésus à Jérusalem, à travers toute la passion, jusqu'aux apparitions du Ressuscité. Une note souligne chaque fois l'apport propre de l'EP. Une 4e partie s'attaque au centre de cet écrit: collection des Dits de Jésus et enquête sur sa source à partir des différents passages évangéliques. Cette étude précise des trois éléments qui composaient l'EP s'achève par une vue d'ensemble du document primitif écrit en grec, dont le but était de transmettre le message de Jésus comme celui du Messie annoncé. Rédigé en Galilée, il proviendrait de l'entourage des apôtres Jacques, Jean et Pierre.
Une 5e partie de l'oeuvre tente de cerner l'histoire des données sur Jésus: brèves informations à propos du Baptiste, puis une documentation très ferme sur la vie et l'enseignement de Jésus. Une conclusion semble s'imposer à l'A.: la personne et la prédication de Jésus sont repérables avec une précision suffisante, de même que la divulgation de l'EP comme accomplissement des prophéties et l'intégration baptismale à l'Église, avec perspective eschatologique. La ruine du temple laissait la place à une réinterprétation du message.
Une 6e partie aurait dû traiter de l'apport singulier des différents évangiles; l'A. n'a pu qu'en esquisser le plan. Quelques annexes tiennent lieu de notes explicatives sur des sujets spécifiques, comme l'enfance de Jésus, les originalités de Lc ou les finales évangéliques. Ceux qui restent attachés à la solution classique du problème synoptique et à la «source Q» auront du mal à entrer dans les hypothèses de l'A. Pourtant sa recherche attentive à tous les éléments du texte est rigoureuse et le résultat final est intéressant à plus d'un titre. La question de l'historicité de Jésus est traitée avec beaucoup de respect et sans exagération historiciste. La genèse des évangiles comme la propose l'A. est séduisante, et se recommande par sa relative simplicité. Aux commentateurs spécialisés de décider! De toute manière, ce remarquable volume vaut le détour. Peut-être relancera-t-il le labeur des exégètes, car il suggère une manière neuve d'aborder et de traiter le problème synoptique. - J. Radermakers, S.J.