C’est un copieux commentaire que livre Jean-Noël Aletti : 110 chapitres et 737 p. L’ouvrage s’inscrit dans le prolongement logique des études antérieurement conduites par l’A., en particulier sur le procédé de la reconnaissance (anagnorisis) à l’œuvre dans les évangiles. Il peut même être tenu comme le couronnement des essais de 2016 (sur l’emprunt des évangélistes au genre littéraire du bios, très prégnant dans l’Antiquité) et de 2019 (sur le recours des mêmes évangélistes à la typologie prophétique pour affronter le paradoxe d’un Messie souffrant), tous deux publiés dans la même collection, « le livre et le rouleau ». L’A., dont la plume alerte ne s’est pas élimée, renouvelle le genre littéraire du commentaire biblique : à rebours des commentaires classiques – auxquels il renvoie volontiers – le présent volume ne prend pas en charge les questions historico-critiques, mais privilégie les voies narrative et rhétorique, dont l’A. est un spécialiste reconnu. Les catégories étudiées au fil des péricopes en témoignent : l’intrigue, les personnages, la fonction des citations, les points de vue… Ce choix méthodologique, dont l’A. assure qu’il est le seul capable de montrer « que Luc est un chef d’œuvre de théologie narrative » (p. 17), inscrit l’analyse du côté de la composition plutôt que de celui des sources dont Luc se serait inspiré, pour lesquelles les hypothèses resteront toujours grevées d’une part d’incertitude. Il permet aussi de tenir compte du talent littéraire de Luc et de sa force créatrice. La distribution de l’ouvrage en brefs chapitres, à la fin desquels sont renvoyées les notes techniques, également allégées de toute érudition superflue, aidera exégètes, prédicateurs et lecteurs de Lc à accéder rapidement aux analyses de l’A. On souhaite que les Ac bénéficient à leur tour d’un commentaire analogue. — N. Jorion o.praem.