Il faut, observe l'A., «beaucoup de témérité, d'ingénuité et
d'innocence» pour lancer dans le public un tel titre. Faut-il
(s')imposer un moratoire sur le mot «Dieu»? Pas nécessairement, à
condition de nous souvenir qu'il s'agit d'un nom et d'un symbole
bien plus que d'un concept. À condition d'accepter aussi qu'un tel
discours implique notre être tout entier: il y faut une nouvelle
innocence et une démarche d'initiation, jusqu'à découvrir non pas
mon expérience sur Dieu, «mais l'expérience de Dieu, en moi et à
travers moi», une expérience qui transite en moi et à laquelle, en
Christ, je participe plus ou moins consciemment (87; 209). Issu de
causeries faites à des professeurs de théologie dans le monastère
bénédictin de Silos, ce petit ouvrage alterne de manière parfois
déconcertante des pages spirituelles limpides et des réflexions
recourant à une terminologie plus spécialisée. Dans l'ensemble
cependant, il convie à une démarche de l'intelligence et du coeur,
où le discours nécessaire sort du silence pour y être bientôt
ramené. Il invite à reconnaître une troisième dimension, une vision
essentielle qui, cependant, «privée de celle des deux autres
dimensions, est une simple hallucination» (211). - J. Sch.