Projetée de longue date, en gestation durant les années 1930 alors
que son auteur occupait la chaire de «philosophie de la religion et
conception chrétienne du monde», interrompue lors de la suppression
de cette chaire par le régime nazi dont Guardini dénonçait le
«nouveau paganisme», cette Anthropologie est demeurée inachevée et
inédite. Elle est ici publiée d'après des dactylographies et
sténographies conservées dans des archives munichoises
(Bayerische Staatsbibliothek et Katholische
Akademie). De cette suite d'essais qui s'enchaînent, la
plupart sont rédigés, cependant que certaines sections ne sont
encore que des esquisses. Tandis qu'une longue Note (547-561)
suggère des rapprochements avec les travaux contemporains de Max
Scheler et Nicolai Hartmann, l'Introduction (7-72) de M. Borghesi
situe le projet dans son cadre historique: dans un monde marqué par
la révolte et les revendications d'autonomie, la question de
l'homme et sa conception chrétienne doivent être reprises «selon un
style moderne de penser». Face à la montée des périls et soucieux
d'éviter toute vision réductrice du christianisme, l'A. défend une
vision quelque peu tragique de l'existence chrétienne. Une
Pensée de Pascal éclaire la perspective: «L'homme passe
infiniment l'homme». - J. Scheuer sj