Prototype des camps de concentration créé en 1933, Dachau regroupa
de 1938 à 1945 près de 3000 prêtres, religieux, séminaristes
hostiles au régime nazi : plus de 1000 y moururent dans les
conditions qu'on connaît (mauvais traitements, faim, maladie…).
L'A., journaliste dans la presse quotidienne française, a voulu
rendre hommage à ces hommes. Historien, il déroule les événements
qui ont conduit au système concentrationnaire, offrant ainsi un
éclairage actualisé sur les rapports entre le nazisme et le
christianisme (en particulier le rôle de Pie xii). Il reprend
le témoignage de plusieurs personnalités ecclésiastiques ou laïques
ayant vécu cet enfer : p. ex., les jésuites Michel
Riquet, Gérard Pierret, Jacques Sommet ou Leo De Coninck (qui avait
écrit 2 articles fameux dans la NRT à son
retour en Belgique : « Dachau, bagne pour prêtres »
et « Les conversations de
Dachau », NRT 67, 1945, p. 443-454 et
561-575, disponibles sur le site nrt.be) ; le pasteur Martin
Niemöller ; l'abbé Charles Mauroy, de Namur ; le
franciscain Éloi Leclerc ; Edmond Michelet… On découvre que ce
sont les prêtres polonais qui ont payé le plus lourd tribut (1780,
dont la moitié mourut à Dachau), suivis par les Allemands eux-mêmes
(447) et les Français (156). On sent un grand respect de l'A.
devant son sujet. Il évite ainsi le simple récit anecdotique qui
banaliserait cette expérience effroyable. On note aussi comme
une certaine pudeur à entrer dans la spiritualité de ces
martyrs dans un lieu où la dignité humaine devait connaître une
telle kénose, où le coeur de l'homme se manifesta en sa capacité de
grandeur (charité fraternelle, communauté de prière, souci des
malades jusqu'au sacrifice…) comme dans ses bassesses (mesquineries
cléricales…). Le livre se termine, on ne s'en étonnera pas, sur le
pardon. - A. Massie s.j.