La beauté de la métaphysique. Essai sur ses piliers herméneutiques

Jean Grondin
Philosophie - Recenseur : Gauthier Kirsch

Issue du « tournant linguistique », comme la sémiotique et la philosophie analytique, l’herméneutique contemporaine est une méthode philosophique a priori sans lien avec la métaphysique.

Mais il ne faut jurer de rien : depuis quelques années, un courant de philosophie analytique veut réintégrer la métaphysique dans ses spéculations (on le voit chez F. Nef ou L. Puntel, p. ex.). Pareillement, des herméneutes reprennent le dossier à nouveaux frais : Jean Grondin nous en donne un bon exemple avec l’ouvrage que voici, composé d’un travail inédit et de deux articles révisés pour l’occasion.

Dès son introduction, l’A. démontre que la métaphysique, ouvertement ou non, est l’horizon indépassable de la pensée. Pour le dire simplement, déclarer que « la métaphysique est inutile » se fait aussi selon une métaphysique implicite. Car la métaphysique est la conceptualisation de la « vision du monde » (weltanschauung, aurait dit l’herméneute Dilthey) de n’importe quel discours construit, a fortiori philosophique. Ainsi, notre époque, largement anti-métaphysique, se comprend animée d’une vraie métaphysique, le nominalisme.

Une fois cette définition admise, J. Grondin nous explicite les caractères généraux de la métaphysique, selon Platon et Aristote surtout. Ainsi, le monde est conçu comme « sensé », ce sens renvoie à un principe ultime, et l’Homme est capable, par sa raison, de comprendre (une part) de ce sens (ce dernier point renvoyant à l’herméneutique). De plus, toujours suivant les fondateurs grecs, la métaphysique ne se réalise qu’avec la notion de « beauté ». Une beauté qui n’est pas celle des jugements subjectifs, mais celle qui se dégage de l’ordre du monde et de l’émerveillement qu’il procure lorsqu’on le saisit par sa pensée. Appliquant ces conceptions, l’A. examine ensuite les rapports entre la métaphysique et les autres composantes de la philosophie, le problème du mal et l’attitude de contemplation.

Enfin, à travers les figures de Leibniz et Gadamer, on perçoit mieux l’articulation entre herméneutique et métaphysique, qui fait l’objet de la conclusion : les deux disciplines sont les composantes indispensables d’une philosophie qui se respecte. Négliger l’une ou l’autre compromettrait l’effort pour penser de façon cohérente… — G. Kirsch

newsletter


la revue


La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

contact


Nouvelle revue théologique
Boulevard Saint-Michel, 24
1040 Bruxelles, Belgique
Tél. +32 (0)2 739 34 80