La Bible de Rachi. III. Les prophètes 2/2. Isaïe
(trad.) Gilbert WerndorferHistoire de la pensée - Recenseur : Didier Luciani
J’ai déjà dit, dans un no précédent de la NRT (144, 2022, p. 141-142), les questions que me posait, malgré son intérêt indéniable, cette Bible de Rachi. Ce volume iii concerne le commentaire – jusqu’ici quasi-inédit en français (éditions bilingues partielles chez Gallia et Biblieurope) – du livre d’Isaïe par le Parshandata (« le commentateur par excellence de la Torah ») de Troyes. Il semble que, du point de vue formel, les choses se soient un tout petit peu améliorées. Mais à nouveau, trop d’imperfections, de fautes et de coquilles émaillent le texte pour ne pas émettre quelques réserves vis-à-vis d’un ouvrage qui pourrait rendre tant de services. On peut tout d’abord regretter la translittération tout à fait fantaisiste et inconstante des mots hébreux. Par exemple le mot « racine », doit-il être translittéré par choh’èche (p. 248) ? Faut-il parler du traité « Houlin » (p. 26) ou du traité « houline » (p. 376) ; de « Ketoubot » (p. 30) ou de « kétouvot » (p. 375) ? Pourquoi Isaïe est-il « fils d’Amots » aux p. 7 et 23 et « fils d’Amoç » à la p. 34 ? Etc. Il y a tout simplement les erreurs factuelles : « cashrout » est-il vraiment le pluriel de « casher » (p. 367) ? Existe-t-il un traité de la Michna qui s’appelle « treroumot » (p. 375) ? Faut-il traduire « nazir » par « ascète » (p. 375) ? Il y a encore la manière fantaisiste de référencer les sources : parfois « La genèse 49,26 » (p. 26), d’autres fois, et plus classiquement : « Genèse 41,49 » (p. 29) ; idem pour « les proverbes » (p. 76) ou « Proverbes » (p. 28). Qui comprendra que Sophonie se cache sous « Céphania » (p. 62) ? Etc.
Ces remarques et bien d’autres pourront paraître à certains injustement vétilleuses. Mais si je me permets d’y insister, c’est que si cette Bible de Rachi se donne le louable objectif d’introduire des lecteurs néophytes dans le monde si riche du grand commentateur juif médiéval – de toute façon, les spécialistes iront directement au texte original – autant prendre ces lecteurs par la main pour les conduire de manière assurée et fiable sur le chemin de la découverte. À l’inverse, trop d’approximations et d’improvisations risquent de les dérouter ou pire… de les dégoûter. — D.L.