La cristologia di San Leone Magno. Il fondamento dottrinale e soteriologico

L. Casula
Histoire de la pensée - Recenseur : Etienne Rousseau
La dissertation doctorale de L. Casula affronte une question peu abordée, malgré l'impact qu'elle continue d'exercer sur la christologie: l'apport de St Léon à la «question de Jésus-Christ» rencontre chez les chercheurs peu d'attrait.
Signalons que c'est en traversant sa propre souffrance ou difficulté d'être (cf. p. VIII) et non pas à partir d'une réflexion désincarnée que l'A. entre dans la question. C'est donc avec reconnaissance qu'on découvre son travail et ce qu'il donne de re-découvrir, à propos de questions tellement débattues.
Devenu pape, Léon ne put manquer de prendre position dans des débats de la plus haute importance pour la promotion de la foi. On trouvera aux p. 131-173 les hérésies auxquelles les croyants étaient bien souvent confrontés, aussi bien en Orient qu'en Occident. L'A. s'attache au «sujet herméneutique» (p. 6) que représente le développement de la pensée de Léon le Grand sur le mystère du Christ. Un premier chapitre, particulièrement intéressant, resitue Léon dans l'histoire et la théologie. Déjà vers 430, encore diacre, Léon avait encouragé Jean Cassien à écrire sur l'incarnation du Verbe: il importait de préciser - également en Occident, quelque peu en retard par rapport aux avancées alexandrines et antiochiennes - le langage de la théologie et de clarifier le contenu de la foi en Christ: en quoi consiste foncièrement l'union des deux natures en une même personne? À ces questions, les conciles précédents n'avaient pas apporté de réponses significatives et déterminantes. Devant les avancées de Nestorius et Eutychès, il convenait de ne pas se tromper d'interlocuteur, ni d'éluder la question.
C'est dans son fameux Tome à Flavien que le pape apporte sa propre contribution, qui fera autorité au milieu des Pères réunis en 451, s'adossant à la réflexion latine (Tertullien, Hilaire et Augustin), qui avait forgé des expressions assez proches des formulations chalcédoniennes. À sa lettre au patriarche de Constantinople, le pape joindra d'ailleurs des textes de florilèges de citations des Pères qui confèrent autorité à son propos. Dans le débat, Léon pèse de tout le poids de son double statut de patriarche d'Occident et de théologien. Avec notre A., nous pouvons dire que «l'oeuvre (de Léon est le) moment culminant de toute l'évolution de la pensée latine» (p. 86).
Sans prétendre faire oeuvre originale, le pape entend montrer ce qu'il y a de central dans le mystère d'union de la nature humaine et de la nature divine en Christ. Ici, le prédicateur appuie la réflexion du théologien: «Le Fils de Dieu, selon la divinité, procède du Père, et selon l'humanité, de la mère» (p. 98). Repensons à ce qui fut dit de la Theotokos, et que le pape développe à loisir dans ses homélies au peuple de Rome. En Jésus Christ, «la majesté (divine) assume l'humilité (de la condition humaine), la puissance la faiblesse, l'éternité le caractère mortel» (p. 100). Ainsi, «Christ incarne l'homme sans trace du péché, celui que Dieu avait voulu et créé dès l'origine» (p. 104). En cela, s'il est de même nature-substance que le Père, il est aussi bien de la substance de sa mère selon la chair (cf. p. 111).
S'il assied son autorité parmi les Pères, le pape n'en appelle pas moins à des autorités auxquelles il se soumet: l'Écriture et le symbole de foi. Dès lors, sa pensée, pour riche qu'elle soit, n'est pas profondément originale. On peut regretter son caractère statique (cf. p. 312), mais on ne peut oublier qu'il a sorti l'Occident chrétien de la marge où il était confiné dans les débats théologiques.
Merci à l'A. de nous avoir de la sorte fait apprécier à nouveaux frais une question aussi décisive que celle de Chalcédoine, sous l'angle d'un de ses acteurs qui - bien qu'il en fût absent de corps - orienta par son esprit les débats et re-suscita la foi de Nicée. - Ét. Rousseau.

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