Un volume à verser au dossier «La femme dans l'Église». Son A.,
prêtre de l'archidiocèse de Lecce, récemment promu évêque de
Ugento-Sainte-Marie de Leuca, est docteur de l'Université du
Latran, spécialiste en théologie du mariage et de la famille. Il
nous offre sa thèse de doctorat sur un passage précis d'une lettre
pastorale paulinienne qui semble contredire les propositions de
Jean-Paul II concernant la dignité de la femme. D'où la question:
Vaut-il mieux faire confiance à l'Écriture ou plutôt aux
orientations du magistère du XXe siècle? En d'autres termes:
Faut-il privilégier la femme ou la Bible?Pour tenter de résoudre le
problème, l'A. fait une exégèse méthodique de 1 Tm 2,11-15:
contexte, structure, enseignement, arrière-fond juif et chrétien,
auteur et destinataires. Il brosse ensuite une histoire de
l'interprétation du passage: Pères grecs et latins, médiévaux,
théologiens de la Réforme et de la Contre-réforme, magistère
récent. Sa conclusion fait appel à l'herméneutique: loin de tout
fondamentalisme, il convient de prendre acte de la culture et de la
mentalité supposées par 1 Tm et, en suivant l'histoire
interprétative, percevoir clairement l'enjeu du texte et dans quel
sens il demeure actuel. Or ce que le passage met en évidence, c'est
la nécessité de l'harmonie du couple comme signe de l'union du
Christ et de l'Église. Il s'agit dès lors de «soumission
réciproque» de l'homme et de la femme plutôt que de la sujétion
unilatérale d'elle à lui. Ainsi faut-il rejoindre l'intention
divine à travers le rôle distinct de chacun des conjoints, la tâche
du magistère étant d'en montrer l'actualité conforme à l'intention
évangélique et à la raison humaine. Et cela, dans un contexte
socio-affectif qui a évolué depuis le Ier siècle au sens d'une
meilleure prise de conscience de la dignité de la femme, dans la
docilité à l'Esprit saint. Nous avons là un travail rigoureux
d'interprétation, fidèle à l'Écriture lue dans la tradition, dont
pourront s'inspirer les étudiants en théologie, et qui nourrira la
réflexion des moralistes des questions conjugales et la pratique
des agents pastoraux. - J. Radermakers, S.J.