Marc Faessler, pasteur et théologien, traducteur et commentateur du texte de Jean Calvin, nous offre un livre relativement court comparé à la longueur du fameux Ps 119 (118), psaume de la Torah. Un prélude pose l’énigme de ce psaume, aussi bien en sa forme – sa dimension acrostiche alphabétique – qu’en son fond – sa dimension midrashique. Ces questions justifient la suite de l’étude : une traduction très proche du texte hébraïque suivie d’un commentaire à même la littéralité de la lettre des deux premières strophes – les commencements contiennent le tout en germe – puis des vingt suivantes. Ensuite, « le chemin de la lettre », de l’acrostiche au midrashique, permet de dégager l’essentiel : « la grâce de la Loi ». « C’est la relation, non aux commandements énoncés par Moïse, mais à la Torah de Yhwh qui exprime de façon déterminante le lien au Transcendant » (p. 10). Nous sommes loin de la chaîne de citations compilées, dite « palestinienne », à l’époque d’Origène et des Pères grecs, où le psaume est réduit à une voie qui mène à la perfection. La louange de la Torah déjà présentée dès l’ouverture du Psautier dans le Ps 1 est en fait l’expression de la grâce de la Torah. En finale, l’interprétation se déploie grâce au rapprochement du psaume avec le fameux logion du sermon sur la montagne : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas (Mt 24,35 ; Mc 13,31 ; Lc 21,33), et grâce à la lecture de Bonhoeffer qui n’a cessé de méditer ce psaume aux heures les plus noires de la 2e guerre mondiale et d’en montrer la dimension prophétique. L’enjeu de cette lecture est d’une grande actualité puisqu’il touche l’articulation entre judaïsme et christianisme, selon le verset central du Psaume : En pérennité, Yhwh, Ta parole se dresse dans les ciels (Ps 119,89). — V. Fabre
