Cet ouvrage parut une première fois en 2005 sous le titre Histoire de la laïcité à la française dans le cadre de l'Académie des sciences morales et politiques, à l'occasion du centenaire de la célèbre loi de 1905. Il est ici repris avec des compléments qui abordent les problématiques tout récemment venues au jour, liées notamment à des pratiques propres à l'Islam.
L'A. précise clairement d'entrée de jeu la formalité de son livre. Il s'agit d'« un livre d'histoire », qui n'est « ni un essai politique, ni un acte de militantisme quelconque, ni une thèse universitaire (…) où (…) toute sa place est donnée au récit et où l'historien s'est efforcé de placer la connaissance des faits avant toute opinion personnelle ». Cela n'empêche pas qu'il « permet de réfléchir aux problèmes de la société française actuelle (…), sa raison d'être [étant] avant tout d'expliquer la laïcité par son histoire » (p. 7).
À quoi il faut ajouter que si la loi de 1905 est le motif premier de l'écriture de ce livre, celui-ci déborde très largement l'histoire de cette loi. En réalité, il s'agit d'une histoire des relations État-Église - ou, plus exactement, « religions », puisque les Réformes, le judaïsme et l'islam sont également pris en compte, même si le catholicisme est la religion de la majorité des Français -, qui remonte au monde gréco-romain. Une histoire fort tourmentée où la maxime familière « je t'aime, moi non plus » fut souvent vécue par les partenaires.
L'intérêt de l'ouvrage est certes de mettre en lumière les problématiques de ces relations dont on gagne toujours à les aborder en les replaçant au mieux dans leur contexte, ce que l'A. réalise très bien. En outre, il permet de percevoir combien les mots doivent être savamment pesés : culte, liberté de conscience, liberté religieuse, laïcité, séparation, etc., sont souvent utilisés sans qu'on ait une idée exacte de la signification qu'ils peuvent revêtir dans des textes législatifs, des débats parlementaires, des articles de presse, ou tout simplement dans la vie courante, et, dès lors, de leur répercussion dans le concret de la vie.
Terminons en indiquant quelques manques à cet ouvrage, par ailleurs fort plaisant à lire : absence de toute note et référence, d'une bibliographie - même sélective -, et d'un index onomastique. Est-ce dû à une norme éditoriale, le livre faisant partie d'une collection « de poche » qui imposerait quelque économie ? Mais même dans ce cas, ceci doit-il être un « impératif catégorique » ? - B. Joassart s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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