Y. Congar affirmait en 1967: «parmi les limites de Vatican II on
doit à coup sûr noter celle-ci: il n'a pas abordé les questions de
l'éthique et donc ne les a pas renouvelées comme il l'a fait pour
l'ecclésiologie, le laïcat ou l'oecuménisme». Même si le jugement
du dominicain peut paraître excessif, il est vrai que les
théologiens moralistes, comme le reconnaissait il y a déjà
plusieurs années P. Bordeyne, ont mis du temps à s'approprier
Vatican II. C'est bien pourtant ce que l'A. cherche à faire en
retrouvant le coeur de la théologie morale: la charité. Constatant
l'oubli de la troisième vertu en théologie morale, l'ouvrage
procède de manière extrêmement claire et méthodique en trois
étapes: il s'agit tout d'abord de savoir ce que signifie la charité
et comment sa signification a évolué. Toujours dans une perspective
historique, l'A. montre les germes de renouveau de la théologie
morale dans la 1e moitié du xxe s. avant de regarder, dans une 3e
partie, comment la notion de charité a été abordée au Concile.
Cette 3e partie est particulièrement éclairante. L'A., en effet, a
eu le courage d'étudier les Acta conciliaires pour
comprendre les combats et les difficultés pour intégrer la notion
de charité dans les textes conciliaires. Il n'en reste pourtant pas
à une perspective historique: le tableau qu'il a dressé permet à
l'A. de dresser un bilan historique et théologique sur l'ambiguïté
de la prise en compte de la notion de charité dans les textes du
Concile.
Au-delà de l'éclairage qu'il apporte sur Vatican II, l'ouvrage est
un stimulant intéressant pour le renouveau de la théologie morale.
- G. de Longcamp csj