La parrocchia nella diocesi di Catania. Prima e dopo il concilio di Trento

Adolfo Longhitano
Histoire - Recenseur : Alphonse Borras

Cet ouvrage volumineux est la seconde édition revue et augmentée d’une étude publiée en 1977 qui traitait déjà de l’histoire de l’organisation pastorale du diocèse de Catane en Sicile. Adolfo Longhitano nous livre un travail historique excessivement bien documenté de sa recherche entamée « en ses années de jeunesse » (cf. p. 8). L’ouvrage se compose de sept chapitres précédés d’une introduction d’une cinquantaine de pages relative à ce diocèse avant le concile de Trente (p. 13-60) et suivis de deux appendices, d’une riche bibliographie, d’un index analytique et d’un index onomastique (p. 277-398). Pour mémoire, l’occupation byzantine (viiie s.) et l’invasion musulmane (ixe s.) de la Sicile provoquèrent une fracture avec l’organisation antérieure des communautés chrétiennes depuis leurs origines. La reconquête par les Normands (xie s.) et l’instauration successive du Regnum Siciliae donnèrent ensuite lieu à une organisation jusque-là inédite caractérisée, d’une part, par l’interdépendance du politique et du religieux et, d’autre part, par la centralisation des pouvoirs et des propriétés terriennes dans les mains du souverain et de ses personnes de confiance.

Le premier chapitre décrit cette organisation qui se déploya dans la ville de Catane (cathédrale, collégiale Sainte-Marie, églises dites « sacramentelles ») et dans d’autres centres urbains du diocèse. La cura animarum que ces lieux prodiguaient s’inscrivait dans le carcan du régime bénéficial (rapport étroit entre bénéfice et office) et était assumée par des chapelains sacramentels et des archiprêtres ou vicaires forains, ceux-ci étant les seuls vicaires de l’évêque aidés à leur tour par les chapelains sacramentels (p. 61-85). Telle était la pastorale avant le concile de Trente. Ce modèle faisait de l’évêque l’unique détenteur à titre ordinaire de la cura animarum. C’est avec l’évêque Nicola Maria Caracciolo (né en 1512, évêque en 1537 et décédé en 1568) que l’on va assister à une évolution inspirée des décrets réformateurs du concile de Trente. C’est la matière du deuxième chapitre (p. 87-144).

Éminent canoniste et grand connaisseur de l’histoire de son diocèse, l’A. nous décrit la personnalité de cet évêque, ses accointances avec les idées luthériennes, ses relations avec les autorités civiles autant qu’avec ses concitoyens, les vicissitudes de son existence autant que sa volonté réformatrice et les domaines qu’elle va affecter : la religiosité et la vie chrétienne des fidèles, le clergé, les paroisses et les constitutions synodales mais aussi la sécularisation du chapitre cathédral et la suppression de l’archidiaconat. La publication des décrets du concile affecta donc l’organisation pastorale : à Catane, les églises sacramentelles désormais dotées de territoires, nonobstant l’opposition des autorités civiles (chap. 3, p. 145-160) ; la réforme paroissiale proprement dite dans les autres centres urbains du diocèse (chap. 4, p. 161-191). Les résistances à tous ces changements furent cependant fortes et nombreuses.

Dans le cinquième chapitre (p. 193-219), l’A. fait le point sur l’évolution de la cura animarum paroissiale et autre après l’évêque Caracciolo avant d’exposer au sixième chapitre l’essoufflement progressif de l’élan réformateur suscité par Trente aux xviie, xviiie (p. 221-254). À la vérité, il aura fallu du temps pour que le modèle tridentin prenne le dessus sur un exercice « polycentré » de la pastorale, et ce qu’il supposait de cura animarum collégiale (les chapelains entourant et aidant les vicaires forains) et de son support toujours présent du régime bénéficial (plusieurs prêtres se partageant un bénéfice), concrètement dans le déploiement de la pastorale par les comunìe, le cas échéant en chapitres collégiaux. C’est ainsi qu’au moment de la promulgation du Code de 1917 on n’avait pas encore quitté le modèle de l’évêque unique curé de la ville de Catane et de tout le diocèse. Le synode diocésain de 1918 réaffirmera ce principe : « seul l’évêque a les facultés ordinaires que le Code reconnaît aux curés ; les chapelains sacramentels de la ville et les vicaires forains collaborent avec lui en tant que vicaires coopérateurs » (cf. p. 255).

Le septième chapitre (p. 255-271) expose comment, vu entre autres l’impossibilité de reconstituer le système bénéficial, la cura animarum dût évoluer d’une prise en charge collégiale (modèle des comunìe dominant malgré le concile de Trente) vers une prise en charge pastorale personnelle par des manœuvres diverses, pour obtenir l’assentiment des chanoines. C’est à partir des années trente du siècle dernier que s’opère vraiment l’érection de paroisses d’abord dans les centres urbains autres que Catane et puis dans le chef-lieu du diocèse lui-même, moyennant l’ajustement au nouveau cadre concordataire de la rétribution du clergé. La seconde guerre mondiale freinera ce processus qui aboutira néanmoins à la création généralisée – mais au cas par cas – des paroisses et à l’attribution au curé de chaque paroisse de la cura animarum. Le modèle tridentin du réseau paroissial ne s’est donc instauré que très récemment dans l’histoire du diocèse de Catane. L’abandon définitif d’une action pastorale fortement centralisée et de ce fait bien coordonnée autour de l’évêque « seul curé du diocèse » ne s’est pas conclu sans oppositions ni conflits, les fidèles se référant au cadre séculaire de la cura animarum autour des vicaires forains. La conséquence de l’établissement du système paroissial a paradoxalement été une fragmentation de l’unité d’action pastorale des siècles précédents depuis la reconquête normande.

L’ouvrage intéressera non seulement les historiens et canonistes siciliens, mais plus largement les lecteurs curieux de l’originalité de la cura animarum en Sicile jusqu’à la moitié du siècle dernier. Un tel ouvrage nous donne à voir comment les institutions ecclésiales évoluent toujours en référence à un cadre sociétal général et en fonction d’un ensemble de facteurs endogènes et exogènes. L’étude d’Adolfo Longhitano nous éclaire donc sur la réception très singulière de la réforme tridentine à Catane, ses lenteurs et les obstacles rencontrés, par comparaison avec l’évolution du paysage paroissial en Italie septentrionale et en Europe occidentale du Nord où, dans la foulée de la confiscation des biens ecclésiastiques et de la suppression du régime bénéficial lors de la Révolution française, la réforme ecclésiastique de Napoléon Bonaparte a conduit à la généralisation du système paroissial. À l’heure où ce modèle napoléonien et pio-bénédictin de quadrillage est questionné dans sa prétention de couvrir tout le territoire diocésain, cet ouvrage ouvre des perspectives et donne à penser sur la relativité de toutes les réformes ! — A. Borras

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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