La rencontre du christianisme et des religions. De l'affrontement au dialogue, tr. O. Parachini
J. DupuisThéologie - Recenseur : Jacques Scheuer s.j.
Pour le reste, le lecteur retrouve sensiblement l'architecture qui était celle de la partie synthétique de l'ouvrage précédent: histoire du salut à travers les alliances, Révélation divine dans la diversité des Écritures, portée universelle de l'action du Verbe de Dieu et centralité de l'événement Jésus-Christ, unique médiation du Sauveur et médiations «participées» d'autres figures salvifiques, Règne de Dieu, Église et religions… La christologie est la clef de cette présentation synthétique («c'est la singularité unique et constitutive de son identité personnelle qui confère au Christ une signification universelle»), mais une christologie qui, à l'encontre de tout «christocentrisme» ou «christomonisme» étroit, ne considère jamais le Christ en dehors de sa relation au Père et à l'Esprit. Voilà ce qui permet et même exige de tenir ensemble «le caractère constitutif universel de l'événement-Christ dans l'ordre du salut et la signification salvifique positive des traditions religieuses au sein de l'unique plan multiforme de Dieu pour l'humanité» (389). Entre le christianisme et les religions on reconnaîtra par conséquent une complémentarité vraiment réciproque (et non pas à sens unique), mais cette complémentarité est cependant asymétrique. La position de l'A. se distingue ainsi nettement de celles des théologiens dits «pluralistes»; elle se définirait plutôt, s'il fallait recourir à des termes aujourd'hui souvent critiqués, comme «inclusivisme pluraliste» ou encore «pluralisme inclusif».
Achevée en mars 2000, la rédaction de ce nouvel ouvrage ne pouvait anticiper ni la publication de Dominus Iesus ni celle de la Notification (février 2001) qui mettait un terme à la procédure engagée par la Congrégation pour la doctrine de la foi à propos de l'ouvrage de 1997. La référence constante à ces documents et l'introduction de notes techniques ne convenaient guère au style et au public de ce nouveau livre. L'A. a donc préféré s'en tenir à l'ajout d'un Post-scriptum de cinq pages. Déclarant que la procédure qui vient d'être évoquée a été pour lui «l'occasion d'examiner de plus près quelques points importants, de revoir certaines positions, de préciser des concepts et d'éviter des ambiguïtés dans le mode d'exprimer sa pensée», il ajoute que les divergences qui subsistent n'excèdent pas celles qui résulteraient de perceptions différentes de la même foi et qu'elles sont ici «proposées dans un esprit de fidélité constructive à la Révélation du Christ et à l'autorité doctrinale de l'Église» (400). Souhaitons que cette nouvelle publication mette à la disposition d'un large public chrétien (et autre…) une réflexion d'ensemble, équilibrée et vigoureuse, sur des questions dont nous percevons chaque jour davantage les enjeux au plan de la foi, certes, mais aussi au plan des relations entre communautés, cultures et nations. - J. Scheuer, S.J.